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avec un capital de 500 millions de dollars en or que fourniraient les douze Fédéral Reserve Banks américaines. Sur ce stock d’or, il pourrait être fait une émission de billets à concurrence de 2 milliards et demi de dollars, dont le produit servirait de moyen de change et de monnaie stable dans les transactions internationales, et spécialement celles de l’Europe avec les États-Unis.

Ce que nous apprécions surtout dans ces combinaisons, c’en est le principe. Les États-Unis détiennent aujourd’hui le plus grand stock d’or dans le monde, soit environ 3 milliards et demi de dollars-or, dont plus de 600 millions sont improductifs et sans objet, en excès de la garantie nécessaire pour couvrir la circulation des billets. Sur ce montant, on nous offre de mettre au jeu de 200 à 500 millions de dollars pour constituer la nouvelle banque européenne, L’Amérique doterait ainsi l’Europe de son système de Banques Fédérales, mais en lui fournissant, en même temps, le capital pour l’établir à ses frais : donc elle mérite d’être prise en sérieuse considération.


Nous venons d’exposer le programme de M. Vanderlip pour résoudre le problème monétaire européen, stabiliser les changes, faciliter les paiements internationaux. Son œuvre serait imparfaite, si elle n’était pas complétée par un autre projet pour le règlement de la grave question du paiement des dettes interalliées. Là encore apparaît l’originalité des vues de cet homme d’affaires, toujours en fermentation d’idées. Il a le sens des conciliations nécessaires entre l’opinion américaine qui exige le remboursement et l’opinion européenne qui le juge inopportun, La solution qu’il propose n’est pas sans mérite, mais comme les conceptions trop idéalistes, elle risque de ne satisfaire personne, en se maintenant loin des réalités.

M. Vanderlip estime qu’en droit, il est difficile de soutenir que ces dettes devraient être annulées comme étant la part contributive des États-Unis dans les dépenses de la guerre. La question n’a jamais été posée ainsi à l’origine, lorsque le peuple américain a souscrit les Liberty Bonds pour faire des prêts aux États européens. Cependant, il admet avec non moins de force que la reconnaissance des dettes n’implique pas que les pays débiteurs puissent les payer et que les États-Unis aient un intérêt à ce remboursement trop précipité. Où l’Europe peut-elle trouver, même à long terme, 10 milliards de dollars pour ce règlement, alors surtout que l’Amérique, s’emmurant dans un régime protectionniste, ferme la porte à des paiements en