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une partie du capital d’origine, mais celui-ci pourrait être racheté, dans la suite, par le capital national.

Cette organisation de banques superposées, qu’il est difficile de comprendre lorsqu’on n’est pas familiarisé avec le régime bancaire américain, aurait essentiellement pour objet de fonctionner comme un Institut d’émission, en mettant en circulation, pour l’Europe, de nouveaux billets de dollars-or, dont le montant pourrait être porté jusqu’à 5 milliards. Ces billets seraient créés par la Banque centrale qui les remettrait ensuite aux Banques nationales, contre des dépôts d’or ou l’endossement de papier commercial faisant partie de leur portefeuille de banque. La garantie de ces billets devrait être assurée d’abord par une réserve d’or d’au moins 20 pour 100, prélevée sur le capital de la Banque centrale, pour établir le principe de leur remboursement en or, lequel serait, bien entendu, subordonné aux circonstances générales. D’autre part, les billets en question auraient également comme garantie l’ensemble des opérations que feraient les Banques nationales avec les autres banques indigènes, notamment sous forme de réescompte d’effets de commerce à l’échéance maxima de soixante jours, ayant comme contre-partie des transactions commerciales se liquidant à court terme.

Telle est la physionomie de ce projet, dont nous ne donnons que les grandes lignes, en laissant de côté tout ce qui est relatif à son fonctionnement intérieur et à la constitution de ses bénéfices. Il nous suffit de montrer son but, qui est de créer, par des concours extérieurs, dans les pays à change avarié, ce nouvel instrument monétaire à base d’or, utile sans doute pour faciliter les règlements internationaux, mais nuisible en même temps pour la monnaie de ces pays qu’il contribuerait encore à dévaloriser, en accaparant tout l’or disponible et la meilleure qualité de papier escomptable.

Retenons de ce plan qu’à sa base il y a un apport de capitaux américains, — participation que M. Vanderlip estime à 200 millions de dollars, — et que cette aide, sous quelque forme qu’elle se présente, ne doit pas être systématiquement écartée pour les pays en mal de Banque d’émission. D’ailleurs sur ce projet, il y a déjà une surenchère : c’est le projet de loi de Robert L. Owen, sénateur républicain de l’Oklahoma, déposé au Sénat au commencement de 1922, en vue également de la création d’une Fédéral Reserve Foreign Bank, c’est-à-dire d’une Banque de Réserve Fédérale pour l’étranger.

Dans ce projet de même ordre, le geste américain est encore plus large, car l’honorable sénateur propose de former cette Banque européenne