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En résumé, M. Vanderlip reste attaché à la pensée américaine qui a inspiré la création de la Société des Nations, et il la fait entrer dans son plan comme un organisme utile à sa réalisation. En l’état actuel de l’Europe, dit-il, état qui est presque celui d’une anarchie internationale, toute influence tendant à rétablir l’ordre est de la plus grande importance. Or, aujourd’hui, la Société des Nations est la seule assemblée qui s’efforce de travailler dans ce sens.


Jusqu’à présent, nous avons vu, en M. Vanderlip, plutôt le journaliste ou l’économiste que l’homme d’affaires. Voici maintenant qu’apparaît le financier, dans un projet d’organisation bancaire et monétaire, qui est aussi pratique aux yeux d’un Américain qu’il est utopique pour un Européen.

Considérant la crise redoutable de l’inflation, dont on connaît les effets sur la situation d’un certain nombre de pays d’Europe, ce financier nous apporte des États-Unis le projet d’un nouveau billet en dollars-or, devant remplacer graduellement les monnaies dépréciées, notamment dans les paiements internationaux. En somme, ce que l’on nous propose pour atténuer la crise inflationniste et combattre les abus du pouvoir d’émission des Gouvernements, c’est l’adoption du système des Banques de réserve fédérales américaines, dont le fonctionnement serait adapté aux besoins et aux usages européens.

M. Vanderlip a soumis à la Conférence de Porto-Rose le plan d’une grande banque européenne d’émission, sous le titre de « Gold Reserve Bank for the United States of Europe, » conçue suivant les principes de la législation de 1913, dont on connaît, pour l’Amérique, les excellents résultats. D’après son projet, cette Institution bancaire centrale, que constituerait, par exemple, la Société des Nations, grouperait autour d’elle un certain nombre de banques nationales, sous le titre de « Gold Reserve national Banks, » qui seraient formées, dans chaque pays adhérent, pour mettre en mouvement la nouvelle circulation de billets.

Dans l’hypothèse où ce plan recevrait une application générale, le capital prévu pour la création de la Banque centrale, qui souscrirait, à son tour, celui des Banques nationales, pourrait atteindre un milliard en dollars-or. Les actions de $ 100 seraient divisées en deux séries, la première réservée aux souscripteurs américains et remboursable à tout moment à $ 120, la seconde destinée aux souscripteurs européens, et ne comportant pas la faculté de remboursement. En d’autres termes, les États-Unis fourniraient avec leur or