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avons suivi la juste roule. » — Un Belge : « Nous sommes peu nombreux et les indigènes nous confondent avec les Français : nous en sommes fiers : merci pour tout ce que vous avez fait pour nos deux patries. » — Un Tchèque : « C’est du jour où vous avez arrêté l’Allemand sur la Marne que mon pays a vu naître l’aurore de la liberté. Merci ! » — Un Italien : « Merci pour avoir défendu ce qui est plus précieux encore que la liberté : la Justice ! » — Un Polonais : « Merci pour ma patrie reconstituée ! » — Un Danois : « J’ai servi pendant toute la guerre dans l’armée anglaise ; merci pour vos victoires qui nous ont rendu le Schleswig ! » Enfin un jeune colonel russe aux yeux ardents : « Nous sommes ici trois officiers russes. Si cette réunion avait un autre caractère, nous n’aurions que le droit de baisser la tête ; mais ce ne sont que des camarades de bataille ; alors, songeant à la dernière poignée de Russes fidèles qui se sont battus jusqu’au bout en France, je vous crie, à vous le grand patriote : Merci pour eux, de leur avoir montré leur devoir ! »

Comme une longue litanie, comme un psaume où des peuples chanteraient les versets, l’hommage montait vers le grand soldat impassible : alors, dans une sorte d’explosion immense, éclatent une formidable Marseillaise et les cris innombrables de : « Vive la France éternelle ! Vive la France pour toujours ! »


12 mars.

Et voici arrivé le jour du départ. À midi, le Maréchal aura quitté la Chine pour rentrer en France ; il a préféré, sur la sollicitation de ses amis américains, traverser les États-Unis plutôt que de refaire encore le long voyage par Suez : ainsi, pour la deuxième fois, il aura accompli le tour du monde.

Sa mission officielle est terminée ; certes, il est trop tôt pour en juger l’effet : mais dès maintenant on sait que, partout où il est passé, son renom, sa gloire ont profité à la Patrie ; surtout sa simplicité, son attachement profond à la paix, ses vertus de grand citoyen ont fait tomber tout le long de sa route bien des légendes, bien des préjugés qui s’établissaient contre nous…

Qu’il soit donc remercié pour avoir, cette fois encore, si bien servi la France !


André d’Arçais.