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3 mars.

C’est avant-hier qu’a dû commencer en France la discussion devant le Sénat du projet du Gouvernement concernant le renflouement de la Banque Industrielle de Chine. On imaginera difficilement en France avec quelle passion cette discussion est suivie ici par tous les milieux : il n’y a pas de jour où l’on n’en parle au Maréchal ; déjà, en Indo-Chine, au Japon, il avait pu constater l’importance de la question ; mais c’est ici qu’elle apparaît le mieux dégagée de toutes les préoccupations politiques et de toutes les querelles de personnes dont son étude a été trop souvent obscurcie.

Que ce soit à bord des paquebots où il a pris passage, dans les grands centres, aux escales de la côte d’Extrême-Orient, aux réceptions officielles, partout où il s’est trouvé en contact avec les groupes financiers, commerciaux ou industriels français, chinois, étrangers, le Maréchal a pu constater le même accord unanime sur la nécessité de relever la Banque.

C’est qu’en effet, la création de cet établissement répondait bien à un besoin réel, tant parmi nos compatriotes que dans les milieux indigènes. La Banque avait été la première à trouver et à mettre en œuvre une formule souple et pratique de coopération financière entre Chinois et Européens. Fondée avec la participation du Gouvernement chinois qui possède un tiers de ses actions, elle se proposait de faciliter la création d’entreprises industrielles et commerciales sino-françaises, où la France fournirait des capitaux, une direction technique, du matériel, et où la Chine apporterait les ressources de son épargne, de sa main-d’œuvre, et de ses richesses naturelles pour le plus grand bien de son développement économique[1].

  1. Il peut être intéressant de rappeler quelques-unes des principales concessions de travaux publics que la banque avait obtenues.

    Dès 1913, elle signait un contrat d’emprunt de 150 millions, dont une partie devait être affectée à l’amélioration du port de Pukow, sur le Yang-Tzé, et dont l’autre moitié devait être utilisée pour l’installation des tramways électriques de Pékin, la réfection du système d’égouts et d’éclairage de la capitale, c’est-à-dire, en somme, le monopole des travaux d’édilité de la ville ; cet emprunt lui reconnaissait, d’ailleurs, un gage de premier ordre sur les revenus de l’alcool et du tabac, gage ardemment convoité par les Américains et les Japonais.

    Au début de 1914, non seulement elle réussissait à évincer la maison allemande Arnhold Rharberg, pour la concession du chemin de fer de Yunnanfou à la mer, mais encore elle obtenait la concession des lignes Yunnanfou-Suifou ; Suifou-Chungking ; Chungking-Chentou, ainsi que celle de Nanning-Longtchou, qui, assu-