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Oui, je pourrais, lorsque le temps me dure,
Et retrouvant en moi quelques moyens,
Solliciter une sous-préfecture.
Je le pourrais... Oui, mais j’entends mes chiens !

Mais tout ceci, mon cher, n’est qu’une farce.
Et, pour parler avec goût et raison,
La rime nue est l’éternelle garce
Dont les appas sont de toute saison !

Tous les matins, avant que l’ombre meure
Au jour mourant d’une lampe aux abois,
Près d’un bon feu je lui donne un quart d’heure,
Puis je me rase et me lave les doigts.

Ce moment-là suffit pour que ma vie
S’écoule ensuite avec grâce et parfum.
D’un pur nectar la goutte purifie
Un gros tonneau de vin plat et commun !

(Quoi ? Le feuillet... Ma foi, c’est assez d’un ...)


Puis il convie Montherot à le venir voir


(Sans date).

Ainsi donc, j’attendrai que vous veniez me prendre !
Dites à Virieu qu’il ne faut plus m’attendre :
Je suis redevenu malade comme un chien.
Je ne puis plus bouger, boire ni manger rien.
Oh ! du froid et du Nord désastreuse influence !
L’oranger et les vers ne poussent qu’à Florence.
J’attends dans la langueur la fin de ces grands froids.
Non, je ne suis pas né pour souffler dans mes doigts !
Mais adieu. Tout crispé, tout nerveux, tout morose,
Enveloppé des plis d’un vieux paravent rose,
Au ronflement du poêle allumé le matin,
Les pieds sur un chenet, un bouquin dans la main.
Je n’ai pas même, hélas ! la force de le lire.
Je ne puis digérer ; comment pourrais-je écrire ?
Je n’écris donc plus rien ; j’ai brisé mes pinceaux ;
Je m’ennuye et m’attriste et m’étends comme un veau.
Mon encre est desséchée (sic), ma plume est vide et roide,
Et j’irais me noyer si l’eau n’était pas froide !


A cette époque, il sait qu’il lui faudra vraisemblablement renoncer à Londres. « Londres me sera enlevé par quelque brave