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Toujours soucieux par ailleurs, le destinataire n’attache comme de coutume aucune importance, à ces jérémiades comiques et rassure sa mère, qui se tourmente pour le plus serviable des gendres : « L’état de Montherot, qui me le mande en vers burlesques, ne m’inquiète pas. »

Il est, à cette époque, « dans les fêtes jusqu’au cou, courses de chars, chevaux, théâtres. Toute la journée en uniforme et en galas par la ville, toute la nuit en bals, par 26° de chaleur et avec la goutte au pied [1]. » Auprès de Virieu, il s’excuse ainsi de la rareté de ses lettres : « il n’y a pas d’amitié, pas de verve, pas de zèle, qui résiste à 28°, l’amour seul est à cette tempéra- ture, et véritablement, c’est son règne à Florence ; les nuits sont divines ; je les passe à errer en calèche dans les rues ou sous les pins harmonieux des Caséines, environné de beautés séduisantes qui disent : « Ohimé ! » et à qui je ne dis rien... »

On attend toujours M. de Vitrolles, et Lamartine s’occupe déjà de louer son casino à la princesse Galitzine. Il peut finalement songer au départ et, tandis qu’il annonce son intention formelle de se reposer un an dans la solitude de ses terres, ses amis, très au fait des projets qu’il entend mûrir durant cette période de recueillement, ne lui ménagent pas leurs plaisanteries. Ses ambitions politiques leur causent même une secrète anxiété. Nous trouvons dans l’album, à cet égard, sous une forme enjouée, de quoi en avoir la certitude. « Lamartine, nous dit Montherot, avait écrit à son ami Virieu une élégie bouffonne pour le plaisanter sur ce qu’il était très occupé d’une entreprise de forges et voulait devenir industriel. »


Illustre fabricant de métal de marmite.
Au fond de tes fourneaux ton cœur s’est-il fondu ?
Depuis que ton esprit s’est mis en commandite
Tu ne m’as plus, mon cher, écrit ni répondu.
Celui dont la pensée était fille d’Horace,
Celui que je nommais l’émule de Byron,

  1. Lettre à sa mère, 26 juin.