Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous offrit un présent par vous bien accueilli
Et bien payé surtout. Il me valut Milly !
Milly ! Sublime chant ! Ravissante Harmonie !
Sur un ton plus touchant jamais votre génie...
Etc. Mon cher, supposez, s’il vous plaît,
Un passage brillant et fameusement fait.
…………
Je viens d’aller, guidé par l’amour filial,
Offrir à mon grand-père un bonjour matinal ;
Il lisait dans son lit, appuyé sur son coude,
Le Journal de l’Étoile, où l’indiscret Genoude
De vos vers sur Tibur orne son feuilleton.
... Une dame d’ici (je vous tairai son nom),
Écoutait lire hier dans notre compagnie
Les vers intitulés : Dix-septième Harmonie.
…………
La dame écoutait bien, attentive, attendrie.
Elle dit à la fin : « Oui, l’idylle est jolie :
Mais j’ai prêté l’oreille et n’ai rien entendu
Qui peut se rapporter à cet agneau perdu ! »

L’hermite de Fontaine [1], en son humeur sévère,
A trouvé cet agneau peu digne de son père ;
Il vous l’a dit, d’un ton plus brusque que poli.
C’est hier seulement que j’ai lu Tivoli.
Faut-il que je le blâme ou bien que je le loue ?
Je suis embarrassé, mon ami, je l’avoue.
Moins cruel que Virieu, je dis d’un ton plus doux :
J’avais espéré mieux du sujet et de vous.


Le meilleur ami de Lamartine n’a pas trop le préjugé de la gloire ; il ne s’en fait pas le courtisan ; il n’aime pas la Perte de l’Anio, et il le dit ; il n’aime pas davantage Tivoli, pièce de vers composée à propos de la catastrophe subie par cette ville, et sur laquelle le poète a compté pour pallier le mauvais effet du Dernier Chant de Childe Harold. Montherot est, à cet égard, de l’avis de Virieu. A celui-ci, Lamartine a répondu : « Je suis confondu de ce que tu ne trouves pas mes vers sur Tivoli à ton plein gré. Je trouve que c’est le seul morceau par lequel je voudrais lutter avec Lord Byron : « Italie, Italie ! »

  1. Aymon de Virieu.