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Air de Beaumarchais : Mes bons amis.

Sur sa maigreur
L’harmonieux auteur
Se plaît à badiner lui-même.
Pour l’imiter
Osons le plaisanter :
Trois instruments sont son emblème.
— Je crois vous voir ainsi :
De corps très aminci,
Moins bien jambé que jamais ne le fûtes...
Qui vous verra
S’étonnera,
Et qui vous entendra
Dira :
C’est une harpe sur deux flûtes !


Libre de mener les jours à son gré, Lamartine les mène superbement. Sa prodigalité, son goût de l’hospitalité n’ont jamais été à pareille fête. Si la société la mieux choisie reçoit les honneurs de la Légation de France, si les ducs d’Istrie, de Dalmatie, les Borghèse, les Boutourline, les Bombelles, les Montebello, les Saint-Aulaire, les Castellane s’y rencontrent, ses amis intimes s’attardent chez lui en des séjours prolongés et sont les témoins de son existence enchantée. Il accueille aussi des confrères poètes : Manzoni, Casimir Delavigne [1].

Mme Delphine Gay, qui deviendra Mme de Girardin et se liera avec Lamartine d’une véritable amitié, séjourne à plusieurs reprises en Italie. Il lui adresse, à Rome, l’Harmonie de la Perte de l’Anio, dont on fait une lecture enthousiaste chez l’ambassadeur.

Dans le cahier brun, cette Harmonie est classée sous le n° 17. Montherot, installé à Mâcon, dans la chambre même de Lamartine, lui mande à ce sujet :


Mâcon, le 28 mars 1827.


Me voici de nouveau dans la chambre pourprée,
Où ma Muse badine, un jour bien inspirée,

  1. L’épître de M. de Montherot du 25 avril 1827, dont nous n’aurons à citer qu’un extrait, débute par des vers qui témoignent que Lamartine échange des épitres plaisantes avec G. Delavigne ; ce dernier semble s’y être essoufflé.