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projectiles terrestres, qui alors ne dépassaient jamais, même pour les obus, 1 kilomètre par seconde. Les planètes elles-mêmes n’ont que des vitesses bien trop faibles pour que cette vérification fut facile, et Mercure, par exemple, qui est la plus rapide de toutes, ne fait que du 100 kilomètres à la seconde, ce qui est encore insuffisant.

Si nous n’avions disposé que de vitesses comme celles-là, il n’y aurait pas eu moyen de vérifier qui avait raison de la mécanique classique affirmant la masse constante ou de la mécanique nouvelle l’affirmant variable.

Ce sont les rayons cathodiques et les rayons Bêta du radium qui nous ont fourni des vitesses suffisantes pour une vérification. On se souvient peut-être qu’au cours d’une étude récente parue ici même, j’ai expliqué que ces rayons sont constitués par un bombardement ininterrompu de petits projectiles à très grande vitesse, d’une masse inférieure à la deux-millième partie de celle de l’atome d’hydrogène, chargés d’électricité négative et qu’on appelle des électrons. Je ne crois donc pas utile de revenir sur toutes les particularités de ceux-ci.

Les tubes cathodiques et le radium effectuent un bombardement continuel de petits projectiles chargés non pas de mélinite, mais d’électricité, infiniment moins gros que les obus des artilleries européennes, mais en revanche animés de vitesses initiales infiniment plus grandes et auprès desquelles celle de Bertha elle-même fait piètre figure

Comment maintenant a-t-on pu mesurer la vitesse de ces projectiles ? On sait que les corps électrisés agissent les uns sur les autres : ils s’attirent ou se repoussent. Nos petits projectiles sont chargés d’électricité ; donc si on les place dans un champ électrique, entre deux plateaux réunis aux deux bornes d’une machine électrique ou d’une bobine d’induction, ils vont être soumis à une force qui les déviera de leur route. Les rayons cathodiques seront donc déviés par un champ électrique. Cette déviation dépendra de la vitesse du projectile, et elle dépendra aussi de sa masse, c’est-à-dire de la résistance d’inertie qu’elle oppose aux causes qui tendent à la dévier.

Ce n’est pas tout : les charges électriques portées par ces projectiles sont en mouvement, et même en mouvement rapide. De l’électricité en mouvement, c’est un courant électrique ; or nous savons que les courants sont déviés par les aimants, par