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impôts que nous aurons à payer, ne permettra pas une telle augmentation du commerce extérieur allemand. Vous oubliez que notre industrie est surtout une industrie de transformation. Elle exige l’emploi de matières premières qui ne sont pas en général produites par notre pays. L’achat de ces matières premières, avec notre change déprécié, est une dépense formidable pour nous. En admettant même qu’en 1925 les exportations allemandes s’élèvent à 25 milliards de marks-or (c’est le chiffre donné par M. Loucheur), il faut tenir compte de ce fait que 60 à 70 p. 100 de ces exportations devront être consacrées au paiement des matières premières et des denrées alimentaires dont nous avons besoin. La base que vous avez fixée pour le paiement des taxes variables vous donnera infailliblement des mécomptes. Les difficultés en présence desquelles nous a placés l’acceptation de l’ultimatum sont insolubles ! »


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J’ai pu m’entretenir aussi avec le Président du Conseil, M. Adam Stegerwald, ancien secrétaire général des Syndicats chrétiens. Je lui ai demandé ce qu’étaient devenus les programmes des différentes catégories de syndicats ouvriers avec lesquels il est depuis longtemps en relations. Ils se sont entendus pendant la guerre sur le terrain du patriotisme, car on a fait croire à tous les ouvriers que la guerre n’était qu’une guerre défensive. « Mes socialistes, avait dit un jour l’Empereur, je les connais : ils marcheront. » On sait comment ils ont marché. Le président du Reichstag, M. Kempf, avait pu dire avec raison : « Nous n’avons qu’un cœur et qu’une âme pour soutenir la lutte dans laquelle nous sommes engagés ! » M. Stegerwald m’a parlé des conséquences que la guerre avait eues sur l’esprit des travailleurs. Leur patriotisme s’est accentué. Les différents syndicats sont unis pour la défense de la patrie allemande. Les ouvriers sont presque tous des « unitaristes. » Les idées séparatistes (ce que M. Joseph Smeets m’a dit à ce sujet ne peut suffire pour me faire changer d’avis)[1] ne trouvent au sein des masses ouvrières que fort peu d’adhérents.

J’ai rappelé aussi à M. Stegerwald le souvenir des discussions qui s’étaient élevées entre les syndicats catholiques et les

  1. M. Smeets est le chef d’un petit groupe qui voudrait arriver à la création d’une république rhénane complètement séparée du Reich.