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Et la Douleur vint à ma porte heureuse !

Mais ma porte était close et le verrou fermé.
Je l’entendis frapper plus loin, mystérieuse,
Là-bas, vers la maison où vit mon bien-aimé.
Et j’entendis son pas sonner dans l’ombre,
J’entendis aboyer les chiens !…
Alors, j’ouvris ma porte à la passante sombre,
J’ouvris toute mon âme et lui criai : « Reviens ! »


LES SAINTES FEMMES


Elle répondit : « Ordonnez que mes fils que
voici soient assis l’un à votre droite, l’autre
à votre gauche dans votre royaume. »

SAINT MATHIEU, CH. XX.


Elles songeaient autour du feu champêtre assises.
Le soir d’été noyait les plaines indécises ;
Dans l’air calme, au-dessus des guérets bleuissants,
S’étirait la fumée, ainsi qu’un fil d’encens.

Leur âme s’attardait aux divines paroles,
Et la mère de Jean disait : « Des auréoles
S’apprêtent pour mes fils, le Maître l’a promis.
Il a su les choisir entre tous ses amis.
Assis à ses côtés, dans la gloire prochaine,
Ils seront grands, malgré l’injustice et la haine,
Car on ne saurait voir sans murmure et sans fiel,
Qu’ils passent avant tous parmi ceux d’Israël. »

La femme de Simon disait : « La route est dure !
A quoi bon discuter sur la gloire future ?
Mais ces hommes, voyez, laissant toute raison,
Ont quille leurs enfants, leur barque et leur maison,
Et leur âme en suivant Jésus, s’en est allée,
Sillonnant la Judée après la Galilée.