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POÉSIES

LES LUMIÈRES SUR LA MONTAGNE




Beyrouth, 1919.

Écoute, un son de flûte au loin s’évanouit
Vers le quartier arabe et les ruelles basses,
Et d’invisibles yeux sur le bord des terrasses
Se remplissent de ciel, de douceur et de nuit.

La plaine de Syrie, à l’ombre de ses palmes,
La plaine aux chemins roux, la plaine aux noirs vergers,
N’est plus qu’un long parfum d’iris et d’orangers,
Qui monte et va mourir parmi les dunes calmes.

La ville dort ; la mer soupire vaguement ;
Et la haute montagne, à l’horizon, profile
Son ombre violette et sa masse immobile,
Plus sombre, dans le bleu lacté du firmament.

Et voici que, là bas, sur les cimes sans voiles,
S’égrenant lentement, des lueurs ont germé,
— Joyaux dans les cheveux sombres de Salomé : —
Les villages lointains semblent des nids d’étoiles.