Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Français la situation financière du Reich. Pense-t-il, à l’encontre de certains économistes, que l’Allemagne est en état de faire face aux engagements qu’elle a pris ? « Nous voulons, m’a-t-il dit, montrer toute notre bonne volonté. Il faut redoubler d’ardeur au travail, le gouvernement actuel le reconnaît. Il faut faire rendre le maximum aux impôts qui existent déjà, il faut en créer d’autres dont le produit sera affecté aux réparations. Je suis de ceux qui pensent que la frontière doit être soigneusement gardée ; nous devons faire des économies et nous dispenser d’acheter les produits qui ne sont pas de première nécessité. Le sous-sol de l’Allemagne peut être d’ailleurs exploité d’une façon plus intensive, nos forêts pourront être employées pour les paiements que nous sommes disposés à faire. J’espère que nos industriels feront un effort pour augmenter le plus possible les exportations. Nous faisons appel à l’esprit de sacrifice de toutes les classes : elles doivent toutes comprendre qu’il faut travailler sans relâche au relèvement du pays. Nous comptons sur une collaboration étroite des industriels et des ouvriers, des commerçants et des banquiers. Cette collaboration, en même temps qu’elle fortifiera l’unité du Reich (M. Wirth m’a paru très hostile aux tendances séparatistes), facilitera l’accroissement qui est absolument nécessaire de notre production. On m’a reproché d’avoir accepté l’ultimatum, mais l’occupation de la Ruhr, si nous avions refusé, aurait eu pour nous de bien plus fâcheuses conséquences. » M. Wirth s’attend à de nouvelles attaques de ceux qui ont voté contre l’acceptation, mais il se déclare résolu à travailler pour l’apaisement.

Devons-nous penser que les espérances du chancelier deviendront des réalités ? Beaucoup, parmi ceux auxquels j’ai demandé leur avis, m’ont paru sceptiques. « M. Wirth a assumé, m’ont-ils dit, une tâche formidable. L’Allemagne ne pourra payer le tribut que l’Entente lui a imposé ! (C’est une idée qu’on cherche, j’ai pu m’en convaincre, à faire entrer dans les cerveaux.) Le paiement d’une annuité fixe de 2 milliards de marks-or est impossible ! Quant aux paiements variables dont la valeur sera fixée d’après les exportations allemandes, ne vous faites pas d’illusions : cela ne vous donnera pas ce que vous croyez. Vous espérez que la valeur des exportations allemandes va devenir quatre fois plus importante qu’elle ne l’est maintenant. Erreur ! La diminution des fortunes privées, qui sera la conséquence des