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Il représente l’Etat à l’intérieur et à l’extérieur ; il maintient l’ordre à l’intérieur et la sécurité à l’extérieur ; il a le commandement supérieur des forces de terre et de mer, mais il ne peut l’exercer en personne, s’il n’y est autorisé par l’assemblée générale des deux Chambres, et si cette autorisation ne lui est donnée par les deux tiers des membres présents ; il pourvoit aux emplois civils et militaires ; il destitue les fonctionnaires pour inaptitude, omission ou crime, mais d’accord avec le Sénat dans les deux premiers cas, et en livrant les accusés aux tribunaux dans le troisième ; il confère les grades militaires conformément aux lois, avec approbation du Sénat pour les grades supérieurs ; il nomme le personnel diplomatique et consulaire, mais d’accord avec le Sénat ; il nomme les chefs de la police, mais sur une liste proposée par le conseil d’administration. Il déclare la guerre, mais quand elle a été résolue par l’Assemblée générale, et seulement si l’arbitrage est impossible ou n’a pas donné de résultat. Il conclut les traités, mais après avis du Conseil, et leur ratification est soumise au pouvoir législatif. En un mot, on a pris toutes les précautions pour le tenir de court. On lui a laissé le pouvoir de prendre les mesures nécessaires en cas de péril intérieur ou de commotion intérieure ; mais il doit rendre compte au conseil dans les vingt-quatre heures.

Il a sous son autorité les ministres des Relations extérieures, de la Guerre, de la Marine et de l’Intérieur. Le conseil national d’administration, composé de neuf membres élus par le peuple, et en fonctions pour six ans, dispose des autres ministères et en particulier des Finances. C’est le conseil d’administration qui prépare le budget. Ainsi le président est un général sans finances, et le conseil est un financier sans armée. L’équilibre est obtenu. L’ombre de l’abbé Sieyès a dû bénir cette constitution.


VI. — LES LETTRES ET LES ARTS

Au milieu des traverses publiques qui semblaient devoir l’anéantir, l’Etat uruguayen a crû avec une incroyable rapidité. De 70 000 habitants en 1830, la population a passé à plus d’un million. Montevideo a passé de 15 000 à 300 000. Il s’est accru par l’afflux des étrangers et principalement des Italiens. Mais ces étrangers sont eux-mêmes rapidement absorbés. A la fin du XIXe siècle, les étrangers, qui forment le quart de la population,