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Peut-être y aurait-il lieu d’envisager la création d’un fonds à taux réduit, 4 ou 4 et demi, dont les porteurs seraient exemptés de l’impôt sur le revenu, ou encore un emprunt-loterie.

Afin d’assurer le succès des émissions futures, rétablissons la liberté du marché des rentes françaises. Actuellement, ce marché est encore au régime de guerre ; les agents de change cotent des cours conventionnels, auxquels il ne s’échange quotidiennement que des montants insignifiants. Les offres qui se produiraient le jour où on rendra la liberté aux transactions, pourront peser tout d’abord sur les cours et les faire descendre au-dessous du niveau actuel. Mais le phénomène sera passager. Beaucoup d’acheteurs, qui s’abstiennent aujourd’hui parce qu’ils ne se soucient pas d’acquérir une marchandise qu’ils ne pourraient pas revendre, n’hésiteront pas à apporter leurs capitaux, du moment où ils sauront qu’ils ne les immobilisent pas. Que de fois avons-nous entendu nos amis américains s’exprimer à cet égard de la façon la plus nette et nous manifester leur désir d’acheter nos fonds, à condition de le faire sur un marché libre !

Nous demandons donc le rétablissement de la liberté des échanges de nos rentes au comptant. Nous croyons qu’en même temps il serait bon de rouvrir le marché à terme pour les rentes 3 pour 100, qui ne forment qu’un capital relativement modéré, 20 milliards de francs nominaux pour le 3 pour 100 perpétuel, 3 milliards pour le 3 pour 100 amortissable, ensemble 23 milliards, qui, aux cours actuels, ne représentent qu’un capital effectif de 14 milliards. Ces deux fonds sont admirablement classés : la majeure partie en repose dans des portefeuilles d’où ils ne sortiront pas, ou d’où ils ne sortiraient que pour s’échanger contre d’autres rentes françaises à rendement plus élevé. Il serait intéressant de redonner, grâce à eux, un aliment à la spéculation. N’oublions pas qu’après 1871 ce fut elle qui souscrivit en partie les emprunts de la libération du territoire et qui, en peu d’années, porta les rentes 5 pour 100, émises à 82,50 et 84,50, au-delà de 120 francs. Elle fut alors féconde ; elle pourrait l’être de nouveau aujourd’hui, en s’exerçant sur des titres dont le revenu annuel dépasse le coût des capitaux que les acheteurs à terme emprunteraient pour maintenir leur position ; en termes techniques, le rendement des fonds serait supérieur au coût du report.