Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/868

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cessèrent les hostilités. Cela n’a pas été le cas : des secousses comme celles de la grande guerre, qui ont ébranlé les fondements de l’Ancien et du Nouveau Monde, se font sentir pendant longtemps. L’esprit de gaspillage survit, et rien n’est plus difficile que de l’extirper. Il est cependant indispensable d’y arriver, et pour cela il faut agir simultanément dans deux directions : réduire le coût des services publics que l’on conserve, et en supprimer le plus grand nombre possible. L’État est un médiocre industriel, un mauvais commerçant. Rendons aux particuliers tout ce qui, avant 1914, était leur domaine. Allons plus loin : recherchons, parmi les exploitations et les monopoles d’Etat, ceux qui pourraient lui être enlevés pour être rendus à la libre activité des citoyens. Dans bien des cas, la substitution de l’impôt à la gestion par l’État serait de nature à la fois à augmenter les recettes du Trésor et à diminuer ses dépenses. Le coefficient d’exploitation des chemins de fer de l’État est très supérieur à celui des Compagnies privées. La constitution d’une Société, à laquelle on projette de confier la gestion du réseau actuel de l’État et de l’Ouest-État, sera un pas très intéressant dans cette voie. Il conviendrait d’achever ce programme en affermant à la Compagnie de l’Est l’exploitation du réseau d’Alsace-Lorraine. Nous verrions à cette cession des avantages non seulement financiers, mais politiques. Une Compagnie particulière aura plus vite fait d’assimiler les éléments locaux qu’une administration d’État.

La régie des tabacs a donné, pour l’année dernière, un produit net de 870 millions de francs. En Angleterre, le droit d’entrée et la taxe intérieure sur cette denrée, dont le commerce y est libre, ont fourni à l’Échiquier pour le dernier exercice (1er avril 1920 au 31 mars 1921) 60 millions de livres sterling, c’est-à-dire, en calculant le change au pair, 1 500 millions, au change actuel, 3 milliards de francs. Qui ne voit qu’un remaniement de notre système serait de nature à augmenter considérablement les recettes, et cela de la façon la plus heureuse, puisque nous pourrions supprimer bon nombre de fonctionnaires et demander à l’impôt un revenu plus élevé que le chiffre actuel. La seule difficulté à résoudre résulte du fait que la France est un pays producteur de tabac ; il se cultive dans dix-huit départements. Il serait nécessaire de continuer le système actuel de surveillance des planteurs et au besoin de les