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D’un autre côté, le directeur des services automobiles désignait un groupement indépendant de quatre groupes (groupement Censelme) qui devait être embarqué d’urgence sur voie ferrée, également dans la direction de Nice, pour faire la traversée dans la zone Sud (le capitaine Censelme était lui-même régulateur, nous l’avons vu, pour le passage dans cette région). Les détails seraient fixés plus tard, au fur et à mesure des renseignements.

Or, sur ces entrefaites, précisément, une série de télégrammes apportait les résultats des diverses reconnaissances des cols des Alpes :

1° D’abord, ainsi qu’on l’avait supposé, le Petit Saint-Bernard était inabordable.

2° Le col du Mont Cenis était, également, obstrué par la neige. C’était là une nouvelle plus fâcheuse : il fallait renoncer à la traversée par Modane ! Des ordres furent envoyés à Lyon pour modifier, en conséquence, l’itinéraire des convois.

3° Le col du Mont Genèvre était praticable.

« Col Mont Genèvre praticable aujourd’hui ; 4 à 5 centimètres de neige, mais on peut passer. »

Les convois par route allaient donc bien sur Briançon.

4° Au col du Lautaret, on pouvait encore passer, mais il était certain que le passage serait bouché vingt-quatre heures plus tard[1]. Il devenait donc impossible aux convois d’aller à Briançon par la ligne droite (vallée de la Romanche). Après Grenoble, il leur faudrait faire un crochet au Sud par Gap (col de la Croix-Haute ou col Bayard). Or :

5° La route par le col Bayard, qui représentait le circuit le moins long, était en très mauvais état, impossible en fait.

6° Heureusement le col de la Croix-Haute était praticable.

7° Le col de Larche était obstrué.

L’unique itinéraire pour la zone Nord se dessinait donc ainsi : Grenoble, Veynes, Gap, Briançon, Mont Genèvre.

8° Enfin, pour la zone Sud, le col de Tende était libre.

Au point de vue de la densité des transports, on pouvait sans gêner les deux courants normaux par voie ferrée, Modane-Bardonnèche, Menton-Savone, débarquer du chemin de fer sur le versant français et rembarquer sur le versant italien 14

  1. La voiture envoyée en reconnaissance avait eu le plus grand mal à revenir !