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automobiles avait créé encore de ces Commissions régulatrices automobiles (C. R. A..), perfectionnant, chaque fois, leur mécanisme d’après les expériences précédentes ; et il était venu un moment où il apparaissait clairement que la même autorité devait centraliser l’exécution de tous les transports et toutes les questions de circulation : le haut-commandement arrêta alors qu’aucun mouvement important, de quelque nature qu’il fût, — automobile, hippomobile ou à pied, — ne pouvait plus se faire dans les zones d’action du front sans que le Service automobile n’en eût réglé lui-même les conditions de circulation, par l’intermédiaire de ses C. R. A..[1].

Une Commission régulatrice automobile était un organe appartenant à la direction des Services automobiles du G. Q. G.. (donc au général en chef) et conçue de telle sorte que le commissaire régulateur (commandant ou capitaine du Service automobile), sur un certain territoire qui lui était attribué par le commandement, était maître absolu de tous les mouvements par route. Les routes de ce territoire étaient dites « gardées » et soumises, par conséquent, à des consignes sévères de circulation. Pour faciliter la surveillance de l’exécution de ces consignes, le réseau routier était divisé en plusieurs « cantons, » — portions du territoire, — surveillés, chacun, par un officier chef de canton (lieutenant du S. A.) ayant sous ses ordres un nombreux personnel de plantons. Il y avait, bien entendu, toujours, plusieurs C. R. A.. qui fonctionnaient en même temps ; et, sur le territoire de chacune, le commissaire régulateur lançait les convois suivant des horaires très minutieusement étudiés.

Un grand mouvement de troupes, quelconque, — qu’il fût automobile, à pied ou à cheval, — était-il ordonné par le commandement ? c’étaient les C. R. A. qui en avaient toute la conduite, d’un bout à l’autre du front, se passant, l’une à l’autre, les éléments successifs, exactement comme est réglée la marche des trains sur une voie ferrée. Le résultat était l’intensification à l’extrême de la circulation, donc du rendement du réseau routier. On comprend donc, que, le 28 octobre 1917, dès qu’il fut décidé que des mouvements devaient avoir lieu de France en Italie par la route, c’était le Service automobile qui était chargé de les organiser.

  1. Les instructions officielles à ce sujet ne datent que des premiers mois de 1918. Mais la situation existait déjà, en fait, à l’automne de 1917.