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le lui demande. De plus rudes épreuves devaient, au cours de la guerre, montrer tout son pouvoir de résistance. Sa retraite, ce jour-là, est donc l’effet et non la cause de l’ordre de l’armée de 10 heures 30. Il ne m’appartient pas de dire de quelles considérations cette décision résultait. Elle ne pouvait, en aucun cas, sortir de la situation ou de l’attitude du 20e corps.


Quant au chef du 20e corps « emporté par sa fougue » et lançant à l’aube la 39e division à la prétendue attaque des hauteurs et devenant ainsi une des causes de tout le désastre, on a vu qu’il n’avait rien lancé.

Pas davantage, on ne trouverait trace de cette fougue inconsidérée dans ses ordres au 20e corps, malgré les invitations formelles du commandement supérieur.

Celui-ci prescrivait en effet, le 18 août, dans une instruction générale :

« L’ennemi cède devant nous : en particulier, il a abandonné Sarrebourg et Château-Salins.

« Dans l’intérêt général, il faut le poursuivre avec toute la vigueur et toute la rapidité possibles.

« Le général commandant la 2e armée compte sur l’énergie, sur l’élan de tous pour atteindre ce résultat.

« Il invite les commandants de corps d’armée à inspirer à leurs troupes cet état d’âme différent de l’esprit de méthode qui s’impose vis-à-vis d’organisations défensives préparées.

« Dans ce même ordre d’idées, les éléments lourds, qui retardent la marche, seront rejetés en queue des colonnes, jusqu’au moment où leur entrée en action deviendra nécessaire. »


Commandant du 20e corps à cette date, je dois aujourd’hui à son honneur, à son splendide passé, à ses glorieux drapeaux, de ne pas en laisser approcher l’ombre d’une tache, sous la forme d’un récit inexact, ni de lui laisser attribuer un renversement dans la direction des opérations que rien ne justifie de sa part.

Recevez, Monsieur le directeur et cher confrère, l’assurance de mon entière considération.

Maréchal Foch.