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rayonnant, sur le pont de ce bâtiment, se rembrunit brusquement, quand son consul étant monté à bord, pour le saluer, lui donna connaissance de la nouvelle sensationnelle du jour : la signature du traité de Tien-Tsin abandonnant le Tonkin à la France.

Li-Hong-Tchang était vengé et la France y gagnait une nouvelle colonie pleine d’avenir, et qui rendrait plus importante et plus prospère sa base navale de l’Indo-Chine.

Le lendemain, je recevais du président du Conseil le télégramme suivant :

« Je suis heureux de vous féliciter chaudement pour le prompt dénouement du conflit avec la Chine. Dites à Li que nous nous félicitons ici des liens étroits que les nouveaux arrangements ne manqueront pas d’établir entre la France et la Chine. J’ai constaté avec plaisir que l’homme d’Etat chinois considère, au même point de vue que nous-mêmes, les intérêts des deux pays. — Jules Ferry. »

Mon premier soin, après la signature du traité, fut de demander une dernière audience à Li-Hong-Tchang, en vue de régler avec lui, d’un commun accord, conformément au désir de M. Jules Ferry, tous les détails de son exécution intégrale avant l’arrivée de l’amiral Lespès : celui-ci était attendu, d’un jour à l’autre, à Tien-Tsin, où il devait me rejoindre avant le 18 mai, date du départ du paquebot en correspondance avec celui qui me ramènerait directement en France pour y porter le traité.

Le vice-roi fixa cette audience au 16 mai.

J’avais rédigé, pour la lui remettre, à cette occasion, une note générale que, dans ma pensée, il aurait envoyée au Tsong-Li-Yamen pour le fixer sur ses obligations en vue de l’exécution du traité que nous venions de signer. J’en donnai lecture à Li-Hong-Tchang avec les explications nécessaires qu’il approuva en principe. Mais, au sujet des ordres précisant les dates limites d’évacuation des garnisons chinoises, il me fit remarquer que ce n’était pas au Tsong-Li-Yamen qu’il appartenait de les transmettre aux autorités militaires les concernant, mais à lui seul, en vertu de ses pleins pouvoirs qui lui en conféraient le droit et le devoir. Il était évident, d’ailleurs, qu’ils parviendraient ainsi à leurs destinataires plus sûrement que par l’intermédiaire de l’assemblée délibérante du Tsong-li-Yamen.

Il me fallut donc modifier ma note primitive des obligations