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manière à assurer le succès de sa mission accidentelle, laquelle était entièrement étrangère, d’ailleurs, à notre conflit avec la Chine au sujet du Tonkin.

Le 13 septembre, le Volta faisait route pour Tien-Tsin L’accueil de M. Tricou, dans ce port, par le vice-roi, qui lui avait envoyé son yacht pour lui faire remonter le Peï-ho, fut des plus chaleureux et solennels. Le pavillon du ministre y fut salué par des salves de l’artillerie de tous les forts, pavoises pour la circonstance. Enfin, grâce à son intervention pressante auprès du Tsong-Li-Yamen, nos réclamations au sujet de l’affaire de Canton y reçurent complète satisfaction. Mais M. Tricou, bien qu’accueilli également à Pékin avec la plus grande courtoisie, entre autres par le prince Kong dont l’influence modératrice était alors prépondérante à la cour, n’en tira cependant aucune indication nouvelle sur la probabilité d’une entente prochaine avec la France, au sujet du Tonkin.


Au mois d’octobre, la mission extraordinaire de M. Tricou ayant pris fin, après la nomination de M. Patenôtre à Pékin, il redescendit à Shanghaï sur le Volta, qui le ramena au Japon pour y présenter au Mikado ses lettres de départ.

Dans ce port, il retrouva Li-Hong-Tchang qui, certainement, l’y attendait, mais en affectant d’abord de se désintéresser des affaires du Tonkin. Le vice-roi était découragé par l’insuccès auprès du Gouvernement français du projet de traité de M. Bourée : ce projet était son œuvre, et se résumait dans un partage du pays entre la France et la Chine. Il voulait laisser désormais, prétendait-il, au Tsong-Li-Yamen l’entière responsabilité de la reprise des négociations diplomatiques, ainsi rompues.

Cependant, par un de ces retours habituels aux hommes d’Etat chinois, le 29 octobre, le jour même que M. Tricou avait fixé pour quitter définitivement Shanghaï et la Chine, le vice-roi tentait encore auprès de lui une dernière démarche visant à retarder son départ, et lui suggérant un arrangement immédiat. Mais notre ministre en avait assez des efforts stériles de sa mission extraordinaire, des amertumes et des déboires qu’il y avait subis, et dont il m’avait confié tous les détails ; à son tour, il se déroba aux instances de Li-Hong-Tchang, courtoisement, toutefois, et non pas, comme avait fait le vice-roi, cinq mois