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Chronique - 30 septembre 1921


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE [1]

La date du 15 septembre est passée sans que fussent levées les sanctions économiques prises contre l’Allemagne, et ce retard parfaitement légitime a servi de prétexte à une nouvelle levée de boucliers dans toute la presse germanique. On se rappelle que c’est le 13 août dernier que le « Conseil suprême, » avant de dresser le procès-verbal de carence auquel il a abouti dans l’affaire de Haute-Silésie, a eu la malencontreuse idée de laisser espérer l’Allemagne cette mesure de faveur que rien ne justifiait. La décision finale a cependant été subordonnée à deux conditions essentielles. Il a été précisé, en premier lieu, que les sanctions ne seraient supprimées que si, à l’échéance du 31 août, fixée par l’état de paiements établi à Londres, le milliard de marks or convenu avait été intégralement versé. Il a été spécifié, en second lieu, que l’Allemagne devait avoir, avant le 15 septembre, accepté la constitution d’un organisme interallié destiné à collaborer avec elle à la délivrance des licences d’importation et d’exportation en provenance ou à destination des territoires occupés.

La première condition est remplie vaille que vaille. L’Allemagne a payé un milliard. Elle n’a, pour verser cette somme, réalisé que cinq ou six cents millions de devises étrangères. Elle s’est procuré le reste au moyen de crédits sur les marchés alliés, grâce à l’intermédiaire d’établissements privés, tels que la banque Mendelssohn et Cie ; et, à un moment donné, les principales maisons de Paris ont même été sollicitées de participer à cette combinaison et de consentir des avances à l’Allemagne pour qu’elle fit honneur à son échéance. Les opérations auxquelles s’est livré le Reich ont, du reste, provoqué une dépréciation du mark qu’a immédiatement

  1. Copyright by Raymond Poincaré, 1921