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ateliers. Les ébénistes autrichiens ont du goût, ils sont adroits. Beaucoup des ouvriers qui travaillaient naguère à Paris, au faubourg Saint-Antoine, venaient d’Autriche. Leurs travaux sont appréciés. L’Angleterre le sait, qui a recommencé de se pourvoir, à Vienne, de tous ses meubles de bureau.

Moins importante que les précédentes, l’industrie du cuir constitue une des spécialités les plus célèbres de l’Autriche : « outre les articles d’usage industriel ou courant tels que le cuir de semelle et les courroies, l’Autriche est susceptible d’exporter les malles, les valises, les chaussures et les articles de maroquinerie de luxe auxquelles on donne, à Vienne, le nom français de « galanterie[1]. »

Où l’artisan autrichien excelle, c’est dans les articles de fumeur et tous les articles de luxe : bijouterie, joaillerie, fourrures, dentelles, plumes, fleurs artificielles, appareils d’éclairage, etc. L’an passé, en septembre, les industriels de la couture et de la mode ont produit un grand effort qui ne tend à rien de moins qu’à faire, de Vienne, la ville où il sera de bon ton de s’habiller pour les peuples des Balkans et de l’Orient, particulièrement l’Egypte où toutes les maisons importantes de Vienne ont leurs succursales. Une « semaine de la mode » a été organisée ; quantité de modèles ont été exposés ; des catalogues, des brochures ont été envoyés, à profusion.

Néanmoins, à cause des fluctuations incessantes de la couronne, l’Autriche ne peut vivre qu’au jour le jour. L’incertitude y bloque tous les efforts individuels et collectifs, spécialement avec nos commerçants trop timorés, peu enclins au crédit et attachés aux vieilles formules aujourd’hui surannées.

Il est vrai que, de la part du gouvernement autrichien, nos compatriotes se heurtent à un boycottage systématique. Tout de suite après l’armistice, l’effort des commerçants français s’est porté vers l’Autriche, que l’on savait totalement dénuée. Mais le gouvernement autrichien s’est empressé de mettre un veto d’importation sur tous les articles de luxe, et les produits manufacturés français sont, par lui, désignés comme tels.

Comparée à l’importation des produits tchéco-slovaques, italiens et surtout allemands[2], — ces derniers étant offerts en

  1. Dunan, op. cit.
  2. Trop souvent, on le sait, l’Autriche consent à camoufler les produits faits en Allemagne. Elle les certifie : « autrichiens, » et nous les expédie.