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Démembrée, amputée des plus riches provinces qui formaient le territoire de l’ancienne monarchie, l’Autriche actuelle et Vienne en particulier conservent toujours leur valeur géographique. Carrefour des grandes voies internationales, point de croisement des grands intérêts économiques de toute l’Europe, Vienne demeure le lieu de rendez-vous où se traitent déjà, où se traiteront de plus en plus, — quand l’ordre sera rétabli en Russie, — toutes les transactions de l’Orient avec l’Occident. A Vienne, port franc de l’Europe centrale, viendront s’accumuler les marchandises transitant de l’Est vers l’Ouest et inversement.

Dès maintenant, quoiqu’elle manque de charbon, qu’elle doive s’adresser à la Tchéco-Slovaquie et à la Silésie pour en obtenir et qu’elle le paye, conséquemment, fort cher, l’Autriche commence à voir son industrie renaître.

On sait quelle était sa puissance métallurgique. Grâce à la présence, dans son sol, d’un excellent minerai, elle produisait des aciers de première qualité. Dans ses nombreuses usines ont été coulés, — ne l’oublions pas ! — les gros canons auxquels nous avons dû de subir nos premiers revers, d’avoir notre sol envahi, occupé, ravagé. Son minerai, l’Autriche l’a conservé. L’industrie de l’acier lui assure encore une excellente place sur le marché mondial. Dans ses usines, on construit des locomotives, des wagons, des automobiles, des machines de toute nature : spécialement des machines-outils et des machines agricoles ; par ailleurs, elle fabrique des socs de charrue, des faux, des faucilles ; elle a conservé la spécialité de tous objets en tôle émaillée.

L’industrie du papier est toujours florissante. Les deux tiers de ses anciennes usines lui sont demeurées. Quoique des coupes exagérées aient été, pendant la guerre, effectuées dans ses forêts, elle reste pourvue en bois, au point d’en pouvoir exporter. Elle a sous la main la matière première. On a calculé que la production à plein rendement des papeteries, autrichiennes donnera 12 000 wagons de pâte, 7 000 de carton et 18 000 de papier, dont 2 900 de papier d’emballage, 160 de papier de soie et à cigarettes, 4 700 de papier de journal, etc.[1].

L’industrie du meuble est en bonne situation ; 14 000 ouvriers sont occupés dans les fabriques et dans de nombreux petits

  1. Voyez : Dunan, L’Autriche.