Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/427

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crime de ces noirs soit rapporté et enregistré. La presse allemande a le devoir de rendre publics et surtout de faire connaître à l’étranger tous les méfaits des troupes indigènes, tous les désagréments qui résultent de leur présence dans le pays… (Et, montrant le coin de l’oreille, le général précise : ) Depuis qu’Anglais et Français n’ont plus conscience de leurs devoirs de race, c’est chez les Américains que nous trouverons le plus de compréhension pour notre cause. C’est donc dans leur direction que cet appel doit être lancé. » Le 20 novembre, adjuration non moins hypocrite du Fränkischer Kurier, l’une des plus acharnées des feuilles négrophobes, avec les Münchner Neueste Nachrichten et la Frankfürter Zeitung : « Nous prions les Américains d’écouler nos plaintes en pensant à leurs mères, à leurs femmes et à leurs enfants, et de raffermir par leur sens moral si droit la morale du monde, afin que la France mette un terme à ses menées abjectes contre la race allemande. »

Les meetings cependant succèdent aux meetings et les conférences des ligues féminines ne sont pas les moins véhémentes. Le 26 novembre, à Heildelberg, Mlle Marthe Dornhoff, présidente de la Ligue rhéno-westphalienne, flétrit la « barbarie française » et fait adopter à l’unanimité de son auditoire celle résolution ampoulée : « Nous protestons comme femmes contre la honte et les souffrances auxquelles sont exposées femmes et enfants dans les territoires occupés par les nègres français. Comme Allemandes, nous protestons contre la profanation de notre honneur national qui souffre d’une surveillance exercée par les noirs. Comme Européennes, nous protestons contre la honte qui résulte pour des Européens de cette mesure que ne justifie aucune nécessité. » le 17 janvier 1921, à Bamberg, c’est l’« Union démocratique des Femmes » qui s’assemble aux mêmes fins, sous la présidence de Mme M. Struiber. Et nous ne parlons pas des innombrables manifestations d’autres agitateurs notoires, comme Heinrich Distler, chef du mouvement négrophobe de l’Allemagne du Sud.

Notons toutefois que, d’après l’Écho du Rhin, c’est d’un roman de ce propagandiste munichois qu’aurait été tiré de toutes pièces l’immonde film : Die Schuvarze Schmach (littéralement la « Honte noire ») qui, sous l’équivoque signature de John Freden, ramassait toutes les inepties débitées contre nos troupes indigènes, et que le gouvernement Wirth,