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princes. Tous me portent des souhaits de bon voyage et me demandent de revenir encore ; la reconnaissance turque ne se lasse jamais. Je suis entouré jusqu’au dernier son de cloche du départ.

Quand le paquebot se détache du quai et part comme en glissant sur les eaux tranquilles de la Marmara, j’ai, une fois de plus, cette illusion que c’est Constantinople qui bouge, s’éloigne et va s’évanouir, tandis que le bateau me semble immobile. Maintenant Stamboul n’est plus qu’une silhouette qui s’efface à l’horizon… pour jamais, sans doute…


Rochefort, 24 septembre.

Je pensais que ce serait plus triste, ce retour, après l’enchantement des yeux, là-bas… Mais il fait merveilleusement beau et chaud ici. Ma vieille maison de Rochefort me paraît jolie et mon vieux jardin, avec son air de bocage tropical, est à sa plus belle saison.

Une fois encore se déballent des choses d’Orient, et les chardons bleus rapportés du cimetière de Stamboul….


PIERRE LOTI.