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M. Lloyd George sur la Haute-Silésie a toujours été influencée par les adversaires de la Pologne. C’est lui qui, sur la demande de l’Allemagne, a fait modifier le texte primitif du traité ; c’est lui qui, le 13 mai dernier, esquissait, à la Chambre des Communes, une histoire si fantaisiste du passé de la Haute-Silésie. Le Gouvernement français s’est vu obligé de composer avec cet état d’esprit, contre lequel, il faut bien le dire, nos autres alliés ne réagissaient pas eux-mêmes suffisamment. Souhaitons qu’eux et nous, nous n’ayons pas à nous repentir un jour d’avoir encore grossi notre commune collection de cotes mal taillées. Nous avons tenu à donner de nouvelles preuves de noire fidélité à nos alliances. Comme l’a dit excellemment M. Lloyd George dans son discours de Thame, il serait inconcevable que deux pays qui ont tant souffert pour le succès d’une même cause, en vinssent à se quereller sur l’interprétation d’une paix qu’ils ont payée d’un tel prix. Nous ne cherchons pas de querelles, nous sentons plus que personne la nécessité de maintenir les amitiés qui nous ont assuré la victoire ; mais, puisque le premier ministre anglais a, une fois de plus, loyalement reconnu que la France a fait, dans la guerre, des sacrifices supérieurs à ceux des autres nations et qu’elle reste encore la plus voisine du danger, peut-être avons-nous le droit de demander que, dans l’avenir, elle soit plus écoutée et mieux comprise.


RAYMOND POINCARÉ.


Le Directeur-Gérant :

RENÉ DOUMIC.