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fussions avertis, ne pouvait passer pour un témoignage d’amicale confiance envers nous. Mais que dire de l’assurance donnée à l’Allemagne que l’Angleterre était disposée à demander l’évacuation par les Alliés de Duisbourg, Ruhrort et Dusseldorf et la suppression de la ligne douanière du Rhin ?

Cette thèse était très désobligeante pour la France, puisque M. Briand n’avait cessé de répéter que, dans sa pensée, les sanctions devaient être maintenues ; elle était, en outre, difficilement soutenable, puisque les obligations dont la violation avait entraîné les mesures coercitives, étaient loin d’être remplies au moment de l’ultimatum et qu’elles ne le sont même pas aujourd’hui : témoin les constatations que font, encore, chaque semaine, les commissions de désarmement, témoin le jugement des coupables, témoin la lenteur des réparations. Mais, alors même que le Gouvernement anglais eût eu mille fois raison de vouloir supprimer ou suspendre les sanctions, ce n’était pas à Berlin, c’était à Paris seulement et dans les autres capitales alliées qu’il devait le dire. On croit rêver lorsqu’après une démarche aussi insolite, le cabinet de Londres, oubliant la poutre qu’il a dans l’œil, cherche une paille sous la paupière de M. Briand et lui reproche d’avoir pris, à propos des renforts destinés à la Haute-Silésie, une initiative individuelle. Encore s’il n’avait adressé cette remontrance au Gouvernement français que par la voie discrète des chancelleries ! Mais non, il s’est empressé de confier à l’Agence Reuter la « surprise » que lui avait, disait-il, causée la conduite du gouvernement de la République. Il a cru devoir rappeler urbi et orbi que, le 9 avril 1950, M. Millerand, alors Président du Conseil, avait, après l’incident de Francfort, donné à Londres l’assurance définitive que la France ne prendrait plus désormais de mesures isolées dans des affaires intéressant, en commun, les Alliés ; et il a parsemé la note qu’il a fait publier par l’Agence Reuter d’expressions telles que celles-ci : « ion inaccoutumé et apparemment inamical de la communication du Gouvernement français, actes de nature à ébranler inévitablement les fondations de l’alliance, abandon par la France de la politique de coopération. » Dans quels termes ne se serait pas exprimé le Gouvernement britannique, si c’était la France qui avait fait, en dehors de lui, à Berlin une communication comme celle dont a été chargé lord d’Abernon ?

Je ne prétends pas que la note française envoyée au Gouvernement allemand, pour demander éventuellement le libre passage de renforts destinés à la Haute-Silésie, ait été très adroite. Elle a fourni