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a continué à nous braver. Elle n’a pas désarmé ; elle n’a pas versé les douze milliards ; elle n’a jugé sérieusement aucun coupable. Dans l’ultimatum du 5 mai, le Conseil suprême lui a rappelé solennellement, sous quatre rubriques distinctes, les obligations qu’elle n’avait pas remplies et il l’a sommée de déclarer, dans les six jours, si elle était résolue : 1° à exécuter sans réserves, ni conditions, ses obligations telles qu’elles étaient définies par la Commission des Réparations ; 2° à accepter et à réaliser les garanties prescrites par cette Commission ; 3° à exécuter, sans réserves ni retard, les mesures relatives au désarmement militaire, naval et aérien, notifiées déjà dans la lettre du 29 janvier 1921 ; 4° à procéder, sans réserves ni retard, au jugement des criminels de guerre, ainsi qu’à l’exécution des autres parties du traité, encore non observées, réglementations, taxes et restrictions douanières, certificats de navigation, liberté du transit et de la navigation en Allemagne.

Nous savons maintenant par le Vorwaerts, par le Manchester Guardian, par le New-York Herald et par une lettre détaillée du docteur Streseman à la Deutsche Allgemeine Zeitung dans quelles circonstances le Reich a consenti à accepter cet ultimatum. Le dimanche 8 mai, à la conférence tenue par les partis allemands, le docteur Streseman, leader du parti populaire, demanda si, après l’acceptation de l’ultimatum, l’Allemagne pourrait obtenir de l’Entente des concessions à l’endroit des sanctions et de la Haute-Silésie. Pour avoir, sur ces deux points, quelques apaisements, il remit lui-même ses questions par écrit à l’ambassade d’Angleterre à Berlin. La réponse officielle du Gouvernement britannique n’arriva, dit-il, qu’un jour après l’acceptation de l’ultimatum, et lorsque lord d’Abernon la communiqua au docteur Streseman, elle ne pouvait plus avoir aucune influence sur la décision. Soit. Mais, tout de même, quelle était cette réponse anglaise ? M. Lloyd George a démenti qu’il eût écrit directement à M. Streseman, et il n’y a pas eu, en effet, de correspondance personnelle. Mais le cabinet de Londres a fait savoir à Berlin qu’il était favorable à la levée des sanctions et que, pour la Haute-Silésie, il soutiendrait une juste et loyale application du traité de Versailles. Remarquez que, dans le règlement de la question silésienne, tout le monde se prévaut du traité de Versailles. Mais chacun interprète ce traité à sa manière. Sur ce second point, le cabinet de Londres ne se compromettait donc pas beaucoup. Admettons même, si l’on veut, que cette partie de sa réponse fût irréprochable ; il resterait que cette conversation directe tenue entre l’Allemagne et lui, sans que nous en