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plus, le milliard qu’elle avait été mise en demeure de verser avant le 1er mai, ne remettra en tout et pour tout, cette année, que deux milliards d’annuité fixe. C’est, comme on voit, tout bénéfice pour le Reich.

Que deviennent, d’autre part, les 12 milliards, qui formaient le complément de l’acompte de 20, et que l’Allemagne avait été sommée de payer pour le 1er mai ? On ne songe plus à les exiger. On prie seulement l’Allemagne de remettre à la Commission, pour le 1er juillet 1921, des obligations d’une valeur nominale de douze milliards de marks or. Ces obligations représentent tout ce que les Alliés verront de ces douze milliards ; ils ne toucheront pas un seul mark or, pas une seule devise étrangère, pas un avoir quelconque de l’Allemagne ; ils seront entièrement payés en papier, et c’est à eux qu’il appartiendra de négocier les obligations allemandes, s’ils sont empêchés par leurs budgets affamés d’immobiliser ces titres dans leurs coffres. Or, comment est faite la remise de ces obligations de la série A ? Elle est faite par l’Allemagne, qui doit prélever sur ses revenus les sommes nécessaires pour verser un pour cent à une caisse d’amortissement et 5 p. 100 d’intérêt aux porteurs. Voici donc un titre allemand qui a une valeur nominale de cent marks or et qui rapporte annuellement cinq marks or. À quel taux les États alliés vont-ils pouvoir le négocier ? Évidemment, fort au-dessous du pair. Ce n’est donc pas seulement un nouveau délai qui a été accordé à l’Allemagne pour le paiement des douze milliards ; c’est un énorme rabais qui lui a été consenti sur une dette déjà échue.

Et le restant des cent trente-deux milliards, de quelle façon doit-il être réglé ? Également en papier, et en papier ne rapportant que cinq pour cent. L’Allemagne devra créer et remettre à la Commission des Réparations, le 1er novembre prochain au plus tard, une nouvelle série, une série B d’obligations du même type que les premières, représentant un chiffre nominal de trente-huit milliards de marks or. Restera ensuite une troisième série qui sera émise Dieu sait quand. Elle est prévue, à l’état de paiements, pour quatre-vingt-deux milliards, mais il est spécifié que ce montant « sera sujet à tel ajustement ultérieur qui pourra être jugé nécessaire. » L’Allemagne devra remettre cette troisième série, série C, à la Commission, pour la même date du 1er novembre ; mais la Commission ne procédera pas sur le champ à l’émission ; elle attendra que les sommes versées par l’Allemagne soient suffisantes pour assurer le service des intérêts à cinq pour cent et de l’amortissement de ces obligations