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Chronique 31 juillet 1921

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE [1]

Ce 15 août, vient à échéance le paiement trimestriel que l’Allemagne s’est engagée à effectuer sur le montant des annuités variables. Si importantes que soient les nombreuses questions portées à l’agenda du Conseil suprême, celle des réparations ne doit pas être négligée par les gouvernements alliés. En dépit des apparences, elle est malheureusement fort loin d’être réglée. Nous ne sommes pas beaucoup plus avancés qu’au moment où, pour échapper à l’occupation de la Ruhr, le gouvernement du Reich a fait une belle révérence devant l’ultimatum. Peut-être est-il bon de rappeler comment les choses se sont passées. A force d’expédients et de retards, d’échappatoires et de marchandages, l’Allemagne espère user nos énergies, fatiguer nos mémoires, et nous faire perdre de vue ses promesses et ses manquements. Elle attend l’heure où les Alliés, lassés par ses résistances, enverront le manche rejoindre la cognée et passeront à profits et pertes leur créance sur les vaincus. Mais n’en déplaise aux calculateurs d’Outre-Rhin, cette heure de joie n’a pas sonné. L’état de paiements, dressé le 6 mai par la Commission des Réparations, a fait à l’esprit de concession de nos alliés une part assez large pour que nous en exigions, au moins, l’observation rigoureuse.

Dans les derniers jours d’avril, au moment où le docteur Simons apportait à Londres des propositions dérisoires, que M. Lloyd George lui-même qualifiait d’exaspérantes, au moment où le cabinet de Berlin essayait vainement d’obtenir l’appui des États-Unis, la Commission des Réparations fixait, dans les délais prévus par le traité de Versailles, le montant de la dette allemande. Le chiffre qu’elle adoptait, et qui était de 132 milliards de marks or, était très inférieur, à la réalité des dommages. M. Louis Dubois, président de la Commission, et

  1. Copyright by Raymond Poincaré, 1921.