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convient généralement dans le public cultivé d’attribuer à ce savant. L’article de l’éminent académicien est si net, si précis, si spirituel, que je ne saurais mieux faire que de le prendre pour thème des réflexions que je voudrais apporter ici.

Einstein, sous la plume et dans la pensée de M. Capus, se plaint des difficultés qu’il éprouve lui-même à formuler ses théories et il ajoute : « Essayons pourtant… Je demande d’admettre qu’il n’y a dans l’univers qu’un seul phénomène, la gravitation, puisque c’est en somme le phénomène le plus certain. Tous les corps célestes en subissent la loi et se meuvent d’après elle. Leurs mouvements ne sont que relatifs, et il est impossible de déterminer entre deux astres lequel des deux tourne autour de l’autre. Et, en outre, cela est parfaitement indifférent, puisque le résultat est le même… Ce n’est qu’une façon de parler… Pour me servir d’une comparaison vulgaire, quand je marche sur le pied d’un monsieur, je peux supposer que c’est lui qui m’a marché sous le pied… Il n’y a de différence qu’au point de vue étroit de la douleur, aucune au point de vue mécanique. Si, dans un avion qui monte, je laisse tomber un objet sur le plancher, cet objet descend en ce qui le concerne et monte avec l’avion… Il monte donc et il descend en même temps, ce qui est inadmissible pour la vieille logique, mais au contraire admirablement simple dès qu’on admet la théorie de la relativité universelle. Cela constitue-t-il un système de l’Univers ? Toute la question est là… Ce qui peut paraître surprenant, ce sont mes déductions par rapport au temps et à l’espace. Du moment, en effet, que les mouvements de corps sont relatifs, il n’y a plus de vitesse absolue. Et comme la vitesse mécanique d’un mouvement uniforme comme celui de la terre, je suppose, c’est l’espace parcouru pendant l’unité de temps, il s’ensuit que l’espace et le temps sont également relatifs… »

Telle est dans son essence, excellemment résumée par M. Capus, l’opinion que les gens du monde se font de la contribution apportée par Einstein à la science. Eh bien ! je dis, et je vais pouvoir montrer, je crois, que cette opinion est erronée : 1o parce que tout ce qu’on attribue ainsi à Einstein n’est pas l’œuvre d’Einstein ; 2o parce qu’Einstein a fait bien autre chose que cela qui n’est pas de lui, et qu’il n’en est aucunement question dans l’opinion qui vient d’être rapportée.

Toutes les sciences, toute la science depuis Aristote jusqu’à aujourd’hui a été fondée sur l’hypothèse ou, pour mieux dire, sur les hypothèses qu’il existe un temps absolu et un espace absolu. Autrement dit, on a fondé toute la science sur l’hypothèse qu’un