On parle beaucoup depuis quelque temps des théories du célèbre physicien Einstein et d’Einstein lui-même.
Il y a quelques jours, Paris faisait au roi Ferdinand de Roumanie un accueil tout plein de vif enthousiasme. C’était justice, car ce prince d’origine allemande, ce Hohenzollern, a su, au jour critique, obéir au devoir et à l’honneur, et on ne doit pas…, on ne devrait pas jeter dans la balance l’état civil des gens quand il s’agit de juger leurs œuvres et leurs actes. La situation d’Einstein est assez analogue : ce juif allemand a refusé naguère de signer l’immonde manifeste des 93. Cela et son attitude en d’autres circonstances lui ont valu la haine inextinguible des pangermanistes. Les choses ont été très loin. On a violemment manifesté contre lui. Sa personne, sa vie même ont été menacées. Il s’est fondé contre lui outre-Rhin, sous les auspices de quelques cuistres et pédants de dixième zone, une « Association pour la défense de la physique allemande » (sic), car la physique d’un Einstein ne saurait être allemande, et nous avons été amené à penser ainsi qu’il n’y avait point de raison pour qu’il n’y eût pas aussi une arithmétique allemande, une trigonométrie allemande. Émues de cet état de choses, plusieurs universités, en Angleterre et en Hollande notamment, ont songé à appeler dans leur sein, où il eût trouvé un refuge, le savant persécuté.
Tout cela, — en dehors de la valeur propre de l’œuvre d’Einstein, sur laquelle il nous reste à nous prononcer, — devait lui attirer, sinon l’admiration, du moins la sympathie du public français. C’est ce qui est arrivé, à quelques exceptions près, lesquelles ne se sont pas recrutées parmi les hommes dont l’œuvre et la pensée représentent vraiment quelque chose en France. Quelques polémiques s’en sont