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pas à utiliser les services de cette institution, en aliénant des gages au bénéfice de ses créanciers étrangers. Notre pays a été dévasté par la guerre, et appauvri, mais c’est là une glorieuse misère, qui ne doit nullement affecter son crédit international, ni faire mettre en doute ses possibilités de paiement. Les efforts tentés pour rétablir l’équilibre budgétaire, diminuer l’inflation fiduciaire, développer notre commerce d’exportation et relever finalement le change français, indiquent suffisamment que si nous avons à envisager des crédits pour parer aux nécessités du moment, notre signature n’a pas besoin d’être garantie par une sorte d’hypothèque sur tout ou partie de notre actif national.

Mais, si nous ne sommes pas appelés à bénéficier du plan Ter Meulen, nous devons cependant le regarder avec intérêt, en ce qu’il facilitera la restauration d’un certain nombre de pays, qui sont aussi nos clients, et dont le pouvoir d’achat ne peut qu’être augmenté par un retour à la vie normale. C’est à ce sujet que la délégation française a eu à formuler une réserve sur le projet. Celui-ci, en effet, ne vise que les matières premières et objets de première nécessité, alors que la France possède, parmi ses éléments d’exportation, les soieries lyonnaises, par exemple, ou autres produits finis, qui ne rentreraient pas dans la catégorie des articles autorisés, si celle-ci était trop strictement délimitée. Aussi, s’appuyant sur le fait qu’il est assez difficile de définir, dans le monde moderne, ce que l’on entend par objets de première nécessité, la délégation française a demandé que la Commission internationale envisageât tout spécialement l’exportation des soieries, pour être comprise parmi les articles pouvant bénéficier du plan Ter Meulen, et c’est là un point sur lequel l’Autriche et l’Italie se sont déclarées d’accord avec la délégation française.

Enfin, M. Hobson, président du Congrès, a terminé la série des discussions par une considération de haute sagesse, qui reflète l’esprit circonspect de nos amis britanniques. Tout en donnant son approbation au projet et à son éminent organisateur, M. Drummond Fraser, il a marqué qu’il fallait compter avec le temps pour faire entrer dans la pratique des affaires d’exportation les Bons Ter Meulen. En attendant, il a prémuni les importateurs étrangers contre l’illusion d’une amélioration rapide des devises dépréciées, qui pourrait les amener à