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car c’est là que sera la force ou la faiblesse du système, suivant que la Société des Nations pourra créer ou non, sur ces valeurs, un marché régulier.

Tel est le projet Ter Meulen, auquel la Chambre de commerce a donné, sa pleine approbation. C’est, en somme, l’organisation d’un Mont de Piété international, chez lequel les Etats pauvres iront déposer leurs gages pour obtenir des crédits, contre garanties réelles. Et comme, en ces temps difficiles, la misère est très bien portée, les grands Etats qui ont besoin des plus petits s’empressent de recruter des clients pour cette nouvelle institution. Ainsi s’explique, du reste, la part éminente prise par l’Angleterre dans la mise en mouvement de cet ingénieux mécanisme de crédit.

Le Congrès de Londres a entendu l’exposé du plan Ter Meulen, fait par la personnalité la mieux qualifiée pour en célébrer les mérites, Sir Drummond Fraser, banquier très connu de Manchester, qui a été investi du mandat d’organisateur par la Société des Nations. Sir Drummond Fraser s’est appliqué à montrer que son programme avait un caractère essentiellement commercial, et qu’il devait comporter tous les avantages d’une proposition bien garantie. Aussi est-il destiné aux pays qui feront parallèlement un effort pour rétablir leur équilibre budgétaire, réduire leur circulation fiduciaire et, par conséquent, donner à leur change, même déprécié, une certaine stabilité. C’est à ce prix seulement que ce plan atteindra son but, qui est de restaurer et développer par des voies normales, et non par des moyens empiriques, le commerce international, en organisant, sur des bases solides, le crédit à long terme.

La première application du projet Ter Meulen doit être faite à l’Autriche qui est bien, en effet, le pays où la détresse économique est la plus profonde, parce qu’il n’en peut sortir par ses seuls efforts et sans que l’Europe lui tende une main secourable. C’est aussi un excellent terrain d’expérimentation pour ce système, car l’Autriche est prête à donner en gage le meilleur de ses ressources : le produit de ses douanes, le revenu de ses exploitations forestières, le monopole des tabacs, etc., et à poursuivre, en même temps, une politique d’assainissement monétaire, en retirant graduellement son ancienne circulation, pour lui substituer les billets d’une nouvelle Banque d’émission.

C’est du moins ce qu’est venu affirmer le délégué autrichien,