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Si nous prenons l’exemple des États-Unis, qui s’étaient organisés en vue d’une énorme production industrielle, nous constatons que celle-ci était, au début de 1921, supérieure de 30 p. 100 à la consommation du pays. Or, c’est à ce moment que la diminution des articles exportés a commencé à se faire très sérieusement sentir ; cette réduction atteint déjà en valeur environ 40 pour 100 pour le premier semestre de 1921.

L’Angleterre est dans le même cas, si l’on en juge par les statistiques de son commerce extérieur, qui accusaient, avant 1914, une exportation d’environ 40 p. 100, à destination du continent européen, représentant annuellement une valeur de 200 millions de livres sterling. Assurément ce n’est pas un moindre chiffre dont il lui faut aujourd’hui assurer l’écoulement.

La France, elle aussi, doit avoir le même programme d’expansion, si elle veut rétablir sa balance commerciale, ce qui est la première des conditions pour la restauration de son change. Les résultats déjà obtenus en 1920 sont d’ailleurs, à ce point de vue, très encourageants, et tous nos efforts doivent tendre à les augmenter, par une nouvelle progression de notre commerce extérieur.

Mais, pour réaliser en grand cette politique d’exportation, il est nécessaire de rechercher des acheteurs étrangers, de plus en plus nombreux, que l’on peut trouver dans les pays appauvris ou dévastés par la guerre, c’est-à-dire ceux dont les besoins sont grands, mais qui n’ont plus qu’un pouvoir d’achat considérablement diminué, en raison de la raréfaction des moyens de paiement internationaux. Ainsi, la salutaire leçon que nous pouvons tirer des événements, c’est que nul peuple, quelles que soient ses ressources, ne peut rester dans l’isolement. La richesse d’un pays ne saurait être fondée sur la pauvreté des autres nations, et c’est en raison de cette interdépendance que l’équilibre économique général ne sera pas rétabli, tant que la puissance de consommation de la Russie, de l’Allemagne, de l’Autriche et des nouveaux États de l’Europe centrale n’aura pas été restaurée sur des bases normales.

Aussi le Congrès de Londres nous a-t-il montré les grands pays préoccupés du sort de ces nations à changes avariés. La Tchéco-Slovaquie, la Pologne ont été considérées avec une particulière sympathie. Cela d’ailleurs n’est pas pure affaire de sentiment