Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/936

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’avant 1914, elle avait une épargne de 40 milliards de francs placés à l’étranger, et qu’elle était, avec l’Angleterre, le banquier du monde, alors qu’aujourd’hui, victime de la guerre qui s’est déroulée sur son propre sol, elle est débitrice des Etats étrangers d’environ 85 milliards de francs. Or, à qui la France doit-elle cette somme ? A ses amis : 3 milliards de dollars aux Etats-Unis, plus 500 millions de livres à l’Angleterre, dettes qui, lorsqu’on les traduit en francs, au cours actuel du change, ont plus que doublé dans l’ensemble, depuis qu’elles ont été contractées.

Des chiffres d’une pareille grandeur montrent toute la presnon qu’exercent sur le change le poids de ces dettes interalliées et leur rapport étroit avec le problème monétaire. Ceci ne veut pas dire que la France tende la main pour recevoir quittance de ces dettes, mais il est de toute justice que cette question ne soit point posée devant un Congrès, puisque tel est le cas, sans faire intervenir aussi cette autre question interalliée de l’indemnilé allemande et de sa mobilisation, établissant ainsi une solidarité de fait, un front unique dans les règlements financiers, comme dans les règlements politiques.

Après cet échange d’explications, M. F.-O. Watts s’est déclaré d’accord sur le texte d’une résolution comportant « qu’une étude soit faite de l’effet sur les changes internationaux de la position actuelle des dettes interalliées et des remèdes possibles, ainsi qu’une étude de même nature sur le paiement et l’utilisation de la dette allemande. »

A cette résolution votée à l’unanimité, il convient de joindre celle qui a été discutée par le Comité des Régions dévastées, en vue d’appliquer également une part des bons allemands représentant l’indemnité, au paiement des travaux de restauration.

Afin de donner plus de force à ces deux résolutions, il a été également décidé qu’un Comité international financier serait spécialement formé pour continuer, d’une façon permanente, l’étude du règlement des dettes interalliées et de la réparation des régions dévastées, dans leurs rapports avec l’indemnité allemande et sa mobilisation. Mais ce vaste programme n’est assurément pas de ceux qu’on peut réaliser en un jour, surtout si l’on veut sortir de la phase actuelle des promesses pour trouver des remèdes efficaces, avec de puissants moyens financiers. Or, c’est là que commence l’ère des véritables difficultés. Après avoir obtenu le règlement de l’indemnité allemande, sous la forme de