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trop volontiers, que rien ne peut être fait pour ces règlements, si ce n’est par le Congrès et les représentants directs du peuple américain. Or, actuellement, s’il y a aux États-Unis des partions d’une transaction, sous la forme la plus large, la masse n’est nullement convaincue, jusqu’à présent, que la justice vis-à-vis de ses associés exige qu’elle prenne la charge supplémentaire de ces dettes de guerre, ou même que la situation rende une annulation nécessaire pour permettre à ces pays de revenir à des conditions économiques normales. En revanche, l’opinion publique approuvera tout règlement amiable qui n’écrasera pas ces Etats et ne paralysera pas leur relèvement.

La résolution ainsi mise en discussion ayant été établie et présentée par le Comité spécial des Changes, il était difficile, en séance, de la retirer purement et simplement, bien qu’elle soulevât une grave question, d’ordre politique autant que financier, et en tout cas, d’ordre gouvernemental. Au reste, était-il possible d’aborder dans toute son ampleur le problème du change, sans faire entrer en ligne de compte et en bonne place ce règlement des dettes interalliées, qui pèsent si lourdement sur certains pays, comme la France, par leur énorme montant et l’imprécision de leurs conditions de remboursement ? La délégation française ne l’a pas pensé. Sans vouloir entrer dans le fond du débat, elle a cependant affirmé que si mention était faite du paiement des dettes interalliées, celui-ci devait évoquer, en toute équité, un autre règlement, celui de l’indemnité allemande et sa mobilisation.

Afin de tenir compte cependant des vues de la délégation américaine et d’éviter le rejet de la résolution, un ajournement de la discussion fut décidé, en vue d’arriver à un accord sur un autre texte. C’est ainsi qu’à la séance suivante, l’assemblée fut saisie d’une nouvelle rédaction qui, écartant la formule d’un plan d’action, lui substituait celle plus générale d’une étude sur la position présente des dettes alliées, comme aussi sur le paiement et l’utilisation de l’indemnité allemande.

A l’appui de cette rédaction, le délégué français crut devoir exposer la nature et l’origine de ces dettes interalliées, qui sont le lourd fardeau que portent les nations les plus éprouvées par la guerre, alors que ces charges ont été contractées en vue du salut commun, et dans l’intérêt de tous.

Pour ne parler que de la France, il est bon de rappeler