Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/932

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en même temps qu’elle paralyse le relèvement de l’industrie, en restreignant les moyens d’achat de la consommation. Quel résultat peut-on d’ailleurs attendre de cette politique, au point de vue général, tant que l’on n’aura pas opéré la restauration économique des pays les plus obérés ? Prenant comme exemple les Etats-Unis, le professeur Cassel estime que c’est la donation qui est la cause principale de leur malaise commercial et industriel, car si elle a pu aboutir à une augmentation de la valeur d’achat de la monnaie, elle a, par ailleurs, déterminé une baisse profonde des prix, alors que l’intérêt serait plutôt dans une juste stabilisation.

Ce point de vue a été énergiquement soutenu par M. Mylius, de la délégation italienne, qui a fait entendre la voix du commerce, opposé à la déflation. Il estime que si, aux Etats-Unis, Les matières premières ont baissé de prix, en revanche, le change est resté toujours très élevé, de telle sorte que la situation ne s’est pas améliorée pour l’acheteur étranger, et, par contre-coup, pour l’exportateur américain, dont les stocks viennent s’accumuler sur le marché intérieur

Quant à la délégation américaine, dont le pays était ainsi mis en cause, elle a exprimé l’opinion qu’on pouvait, en effet, se limiter à arrêter l’inflation, avec cette arrière-pensée, sans doute, que si l’on allait plus loin dans cette voie, on risquerait de modifier défavorablement la position du dollar, par rapport à celle des devises d’autres pays étrangers. Cependant, la délégation américaine n’entend pas s’opposer à la déflation sans y apporter un remède. Pour elle, le contre-poison se trouve dans les crédits que l’Amérique est disposée à concéder libéralement à ses acheteurs.

Le programme de la résistance à toute nouvelle inflation et celui de la déflation progressive ont été brillamment soutenus, au nom de la délégation anglaise, par sir Félix Schuster, président de l’Association des banquiers. Il a pris, à juste titre, non pas l’exemple américain, mais celui des pays de l’Europe centrale qui avaient poussé, le plus loin, la politique d’inflation, pour montrer que ce n’est pas sur l’excès présent de leur circulation de billets que peut se fonder le rétablissement de leur situation financière. D’autre part, il est tout naturel que les Etats qui étaient, avant la guerre, au régime de l’étalon d’or, aient le ferme vouloir de le rétablir par la déflation, pour