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Le président Walter Leaf, exprimant l’opinion anglaise sur la question, avait déclaré : « L’instabilité actuelle des changes étant l’expression des difficultés économiques de l’heure présente en Europe, le Congrès est d’avis que tout palliatif artificiel est condamné à l’échec, et que le seul moyen d’améliorer les conditions actuelles est d’augmenter la production, de mettre un terme à l’inflation fiduciaire, et d’abolir toutes les mesures qui tendent à restreindre la liberté des transactions commerciales. » C’est l’affirmation très nette des principes qui doivent régir l’amélioration du change, sous la réserve toutefois que, dans les circonstances actuelles, il ne suffit pas d’augmenter la production, mais il faut surtout rechercher les débouchés pour combattre l’accumulation des stocks qui est à la base du malaise économique, pour la plupart des grands pays.

Le délégué français exprima l’opinion que cette question de change, comme d’ailleurs toutes les autres, devait être considérée avec un certain optimisme. Nous avons aujourd’hui l’avantage de nous trouver en présence d’une situation vraie et de la regarder bien en face, ce qui est préférable aux illusions dont nous avions été bercés dans la période de prospérité factice, éphémère et surtout dangereuse, où nous étions engagés après l’armistice, pour aboutir à l’inévitable réaction. Il était à prévoir, en effet, qu’à la suite du cataclysme sans précédent qui avait non seulement bouleversé l’Europe, mais encore détruit l’équilibre mondial, l’ancien ordre de choses serait profondément modifié, et qu’il faudrait encore passer par bien des épreuves et les surmonter avec un énergique et patient effort, pour liquider la guerre et gagner la paix.


Après ces considérations, la discussion s’engagea sur la question de l’inflation fiduciaire, dans ses rapports avec le change, c’est-à-dire sur la résolution suivante soumise au Congrès : « Que l’inflation soit enrayée et progressivement diminuée. »

Le professeur Gustave Cassel, de Suède, demanda que la diminution progressive de la circulation des billets ne fût pas envisagée, mais seulement la stabilisation monétaire qui est une condition nécessaire, si l’on veut éviter les trop brusques fluctuations des prix. Pour lui, la politique de déflation consistant à ramener les différentes devises à la parité de l’or, risque d’écraser les budgets nationaux sous le poids des dettes d’emprunts,