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du tribunal de police municipale. Je remarque n’être point mal vu dans ces deux places. Je suis aussi chargé d’une infinité de rapports : ce qui m’occupe infiniment ; mais sans aucun honoraire, voilà le mal. Cependant, mon bon ami, je ne désespère pas d’obtenir une place dans l’établissement qui va se former à la municipalité pour les baptêmes, mariages, divorces et sépultures... Si, par hasard, je n’obtiens rien, je n’aurai perdu que mon temps et je m’en consolerai... Je siège avec le Conseil municipal sans autre titre que celui de membre du Conseil général et, jusqu’à présent, je suis le seul qui y siège. Ils m’ont annoncé ce soir qu’ils voudraient bien que ma Section me conserve sa confiance pour être réélu ; alors ils pourront me nommer à une place d’administrateur qui me vaudrait 4 000 livres d’appointements. Je n’y puis rien leur assurer, puisque cela dépend du degré de confiance dont ma Section voudra bien m’honorer, et tu sais que les nominations populaires sont comme un lot à la loterie, surtout pour l’homme honnête et paisible qui ne fait aucune cabale pour obtenir les suffrages... N’oublie point, mon bon ami, que je n’ai plus de fortune, mais que je m’efforcerai toujours de mériter l’estime de mes concitoyens, afin que tu n’aies jamais de regret ni à rougir de la vie et des actions de ton père. » Voilà un style que nous n’attendions guère d’un septembriseur et l’on n’est pas non plus habitué à considérer que l’on ait pu occuper des places municipales dans un pareil temps, avec une indifférence aussi placide pour les événements comme on les eût recherchées sous tout autre régime.

Il y a, cependant, dans le passage précédent, une allusion au tribunal de police municipale, qui paraît d’abord un peu inquiétante. Ce tribunal a laissé une mauvaise réputation. Aussitôt après le 10 août, il prit un caractère de police politique, et l’on sait, à cette époque, ce que cela voulait dire. Fréquemment transformé, il joua un rôle sanglant et succomba finalement sous des accusations de vol... Mais Mareux n’y entra qu’en novembre 1792, à un moment où, la Commune de Paris fléchissant sous la réprobation qu’avaient causée les massacres, il se produisait une faible réaction modérée. Pendant le mois où il y siégea, il n’eut à s’occuper que de simple police : maisons de jeu, questions de voirie, troubles à l’ordre public, etc.. D’ailleurs, à ce moment, ses jours de gloire étaient comptés. Le