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en bon style. Plus les jours passent, plus on met à profit sa bonne volonté fidèle. Car il se produit un fait très habituel en ces périodes révolutionnaires. Après l’élan des premières heures, tous ceux qui ne sont pas en contact permanent avec le peuple et occupés à l’exciter pour s’assurer une position lucrative ou glorieuse, tous ceux qui ont pris en mains la conduite plus terre à terre et plus astreignante des affaires économiques commencent à trouver le temps long ; l’un après l’autre ils s’esquivent des séances, où ne restent bientôt plus que quelques convaincus, facilement satisfaits par des honneurs modestes. Mareux, lui, est très fier de sa situation. Ses fils le sont beaucoup moins ; ils le trouvent en danger ; ils regrettent qu’il fasse un métier de dupe en abandonnant ses propres affaires pour celles de la ville et se préoccupent surtout de savoir s’il touche au moins quelques appointements. Ainsi, pendant quatre mois, Mareux reste presque nuit et jour à l’Hôtel de Ville, où l’on trouve son zèle et son assiduité très commodes.

Pendant ce temps, la Commune est en lutte contre l’Assemblée nationale. Deux pouvoirs se disputent Paris et la France. Et, dans la municipalité même de Paris, le Conseil général, qui représente la violence politique, combat le corps municipal, composé d’anciens administrateurs plus modérés : en grande partie, de vieux fonctionnaires habitués au maniement d’affaires difficiles. On marche rapidement vers la Terreur ; mais, contrairement à la première idée qu’on pourrait avoir d’une telle époque, tandis que la guillotine roule, comme le dit aimablement Adélaïde Mareux, tandis que l’ennemi menace nos frontières, une vie presque normale continue dans Paris et le théâtre Mareux joue « il est vrai, sans bénéfices) à côté de la prison de la Force. C’est Adélaïde, notre jacobine, qui dirige les représentations, empruntées au répertoire le plus classique. Son père n’a pas le temps de l’aider. D’abord commissaire de sa section, puis officier municipal, il a franchi, au début de novembre, un échelon nouveau en étant adjoint au tribunal de police ; et, comme il envisage tout cela d’un œil très administratif, il se montre fort occupé d’obtenir sa titularisation définitive dans les bureaux de la ville.

Le 15 novembre, il écrit avec son habituelle confiance dans l’avenir : « Je suis toujours fort occupé de la place que je tiens au Conseil général de la Commune. Je suis aussi membre