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soient, ne saurait retarder d’un jour la mise en chantier des navires que nous devons construire, sous peine de voir la France rayée de la liste des puissances maritimes. Ce n’est pas seulement en vue d’éventualités guerrières que nous devons posséder une flotte : c’est aussi pour accomplir des missions du temps de paix absolument indispensables, pour assurer la police de notre marine marchande à l’étranger, effectuer les liaisons entre la métropole et notre empire colonial, appuyer notre action diplomatique partout où elle s’exerce dans le monde, enfin, montrer notre pavillon sur tous les points du globe, ce qui est incontestablement la meilleure forme de propagande.

Nous ne doutons donc point que, dès sa rentrée, le Sénat ne vote le programme qui lui a été soumis et qui est conforme à nos exigences nationales. Nous espérons également que l’on saura restaurer l’autorité du haut commandement sur lequel nous voulons nous appuyer dans l’œuvre impérative de réforme de nos services à terre, et de réorganisation des statuts de tous les corps du département de la marine. Les idées qui ont été remuées lors de la grande semaine maritime sont autant de graines fécondes jetées dans le sillon. Nous avons foi dans les paroles du Président de la République qui résument toute cette discussion : « La France n’a pas, sans doute, la prétention de rivaliser avec telle puissance amie dont les capacités navales sont, et de loin, supérieures aux siennes ; elle a le pouvoir et la volonté de faire entrer en ligne une force qui compte et avec laquelle on compte. »


René La Bruyère.