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D’une aimable et vive princesse,
A pied blanc et mignon, à brune et longue tresse ?
Nez troussé ? C’est un charme encor selon mon sens :
C’en est même un des plus puissants.


[Sa femme avait le nez redoutablement aquilin].

A ces vers ajoutons ceux-ci :


Vous excellez en mille choses ;
Vous portez en tous lieux la joie et les plaisirs ;
Allez en des climats inconnus aux zéphyrs,
Les champs se vêtiront de roses.


Et ceux-ci encore :


Nul auteur de renom n’est ignoré de vous ;
L’accès leur est permis à tous.
Pendant qu’on lit leurs vers, vos chiens ont beau se battre :
Vous mettez les holas en écoutant l’auteur ;
Vous égalez ce dictateur
Qui dictoit tout d’un temps à quatre.


Enfin ces trois lignes :

C’est un plaisir que de la voir se disputant, grondant, jouant et parlant de tout avec tant d’esprit que l’on ne sauroit s’en imaginer davantage.


Tout y est : le visage, l’humeur et l’esprit. Elle est là, vivante, hardie et aventureuse, la brune romaine au nez retroussé, les yeux brillants de plaisir et de passion ; toujours prête à l’amour, toujours prête à la dispute ; infidèle à ses amants, fidèle à ses amis ; coléreuse comme une enfant gâtée, gouvernant tout un peuple de poètes et d’animaux, car elle a, chez elle, une vraie ménagerie, ce qui doit ravir le fabuliste.

La voyez-vous, occupée à écouter La Fontaine,


... conter d’une manière honnête
Le sujet d’un de ces tableaux
Sur lesquels on met des rideaux [1].


Elle est près de sa fenêtre ouverte d’où l’on découvre les barques du Port Saint-Nicolas et les façades du Louvre. Comme la Glycère de La Bruyère, elle est « avec une coiffure plate et négligée, sans corps et avec des mules ; » elle a fait taire ses

  1. Le tableau, v 1 et suiv.