Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/850

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

budget sous des titres variés et purement laïques, — son des cloches, entretien du cimetière, etc. — A chicaner ces crédits, L’autorité supérieure s’aliénerait les populations : elle s’abstient donc de les apercevoir.

Enfin le prêtre a ses honoraires de messes, qui de 1 fr. 50 et 2 francs avant la guerre, ont été récemment portés, par un crû des évêques, au chiffre de 4 et 5 francs. Avec le nouveau prix de la vie, ces diverses ressources ne constituent qu’un budget de famine ; curés ou vicaires campagnards, dénués de patrimoine, — et c’est le cas de presque tous, — pourraient faire, sans crainte d’y manquer, ce vœu de pauvreté réservé jadis aux moines de certains ordres. Ils vivent donc misérables, mais ils vivent libres, ardents à l’apostolat, et cette misère volontaire leur donne une assez fière auréole parmi notre nation qui goûte peu le pain sec.


V

A Paris, lorsque le monopole des pompes funèbres que l’administration diocésaine possédait de vieille date, — à charge par elle d’enterrer gratis tous les indigents, — lui fut retiré vers 1904, il en résulta pour l’archevêché une perte beaucoup plus sensible que celle du budget des cultes : 1 200 000 francs par an, dont 800 000 pour la ville et 400 000 pour la banlieue. La suppression pesa principalement sur les paroisses pauvres, qui équilibraient leur budget au moyen de ce fonds commun des cérémonies funéraires, comme elles partagent encore le casuel avec les paroisses riches. Le produit des mariages, enterrements, chaises, collectes, etc., est en effet bien peu de chose dans les quartiers exclusivement populaires ou dans les communes limitrophes. Le Pré-Saint-Gervais, par exemple, au moment de la séparation, faisait des recettes mensuelles de 160 francs, dont 55 provenant des recettes du dimanche. Comment, avec une pareille somme, payer seulement l’organiste, les chantres et le sacristain. Or cette commune, au lieu d’un vicaire en 1905, en avait deux en 1913 et venait avant la guerre d’ouvrir une église neuve.

C’est que Paris et sa banlieue sont, de toute notre république, L’endroit où le progrès religieux a été le plus sensible ; saisissante contradiction ou étrange paradoxe : depuis le jour où le