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850 francs, 7 de 700 à 750. Une dizaine leur allouent seulement 600 francs et au-dessous. Ces appointements de famine sont donc l’exception et, si l’on considère les difficultés auxquelles se heurte toute organisation nouvelle, le temps qu’il faut pour changer les habitudes d’un peuple que l’on convie à un impôt volontaire, le dénuement presque absolu du début, l’œuvre accomplie jusqu’ici permet d’affirmer que l’Eglise de France pourra entretenir ses membres comme elle pourra les recruter.

Malgré sa mise « hors la loi » et son exclusion du droit commun d’association, elle a déjà commencé à recevoir des libéralités et des fondations destinées au culte ; espérons qu’elle n’aura pas désormais à user d’une procédure compliquée et incommode pour les conserver hors de toute atteinte. Un point à noter : le denier du culte n’a pas fait tort aux œuvres anciennes de piété, de charité ou d’enseignement. Elles sont au moins aussi prospères que sous le Concordat ; aucune n’a été supprimée faute d’argent et quelques nouvelles ont été créées. Il est des diocèses où les trois quêtes de la Propagation de la Foi, de la Sainte-Enfance et du denier de Saint-Pierre produisent ensemble plus de 100 000 francs par an ; il en est où les traitements ecclésiastiques sont réduits de près de moitié et qui pourtant entretiennent 400 écoles libres. Presque partout ces écoles, au nombre de plusieurs centaines, absorbent une bonne moitié des ressources épiscopales, qui pourraient, au besoin, servir à l’entretien du clergé.

Les allocations curiales ne sont qu’une partie des frais généraux du culte. Sur ces dépenses à la charge des fidèles un léger prélèvement constitue pour le clergé ce qu’on appelle le « casuel. » Ce casuel, appoint sérieux du traitement dans les grandes villes, représente 250 à 300 francs dans les bourgs ; il est tout à fait insignifiant dans les campagnes, — souvent 50 francs à peine par an ; — seulement, de ses paroissiens ruraux, le prêtre reçoit en plusieurs diocèses des prestations en nature, purement bénévoles bien entendu, mais que de vieilles traditions ont consacrées, à l’occasion de certaines cérémonies, des Rogations ou autres fêtes, et qui l’aident à vivre. Ailleurs un nouvel usage s’est créé depuis la Séparation : c’est le conseil municipal qui alloue au curé, en maintes communes, des indemnités de 5 ou 600 francs au maximum. Pour ne pas éveiller les susceptibilités légales, ces indemnités s’inscrivent au