Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/848

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A Cahors comme à Nancy, à Nevers, à Langres ou à Montpellier, un peu partout enfin, on constatait en 1914 une augmentaiion progressive dans les souscriptions. Elles avaient passé, à La Rochelle, de 160 000 francs en 1906 à 194 000 francs eo 1909 et 232 000 francs en 1913. Il faudrait là 300 000 francs, — ce qui représenterait de la part des catholiques une cotisation de 1 fr. 20 par tête, — pour donner à tous les prêtres l’ancien traitement concordataire.

C’est seulement, en effet, sur le chiffre du traitement que nous pouvons fonder une appréciation de la situation du clergé durant la dernière année de paix. Le montant du « denier du culte » ne nous renseigne guère, ni même le plus ou moins de satisfaction des premiers pasteurs : car les uns, tout en se plaignant d’un léger déficit, ont pu conserver à leurs curés les chiffres antérieurs ; tandis que d’autres, à qui manque une bonne part du maigre émolument de jadis, disent avec un héroïsme tranquille « pouvoir se suffire, » parce qu’en effet leurs prêtres savent s’imposer assez de sacrifices pour que leurs besoins s’accommodent de leur misère. On cite l’évêque de Dax réunissant ses curés pour leur annoncer qu’il ne pourrait leur donner que 300 francs par an. Nul ne fit entendre un murmure. Ceux-là seraient au régime du pain sec, si les paroissiens ne leur faisaient quelques dons de vivres et si les diocèses plus fortunés ne leur envoyaient des subsides.

C’est aussi le cas des Hautes et Basses-Alpes : à Gap, les catholiques contribuent autant et plus qu’en bien des pays plus riches, — 1 franc par tête, — mais ils ne sont pas 100 000. De même les 700 000 hectares qui forment aujourd’hui le diocèse de Digne, et qui, sous l’ancien régime, comprenaient avec celui-ci la totalité des évêchés de Sisteron, Riez, Senez, Glandève, Apt et une notable partie de l’archevêché d’Embrun, ne comptent que 15 habitants au kilomètre carré sur leurs 350 paroisses. Avec la quête locale il manquerait 100 000 francs que la Providence aide l’évêque à trouver au dehors.

Si l’on regarde l’échelle des traitements ecclésiastiques, on en remarque à la vérité de bien humbles : 475 francs à Mende, 500 francs à Tulle, 600 francs à Cahors, etc. ; mais si l’on dresse pour la France entière un tableau d’ensemble, on voit que 51 diocèses avaient pu conserver à leurs curés l’ancien traitent nt concordataire de 900 francs, 17 leur servaient de 800 à