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nombre. Mais combien y a-t-il de « catholiques » à contribuer au denier du culte ? Les chiffres varient fort d’un département à l’autre ; — il en est où la moitié des familles ne donnent rien ; — dans le même département, d’un arrondissement, d’un canton à l’autre, il existe de singuliers écarts. Les besoins ne sont pas en rapport avec la population puisqu’il est des diocèses très pauvres, et d’autres qui, pour un très grand nombre de paroisses, — Auch, par exemple, — comptent un très petit nombre d’habitants.

Une « caisse interdiocésaine » a été fondée pour combler le déficit des uns avec le superflu des autres. L’un des prélats, assez heureux pour verser à cette caisse, estime que « le denier du culte est mal organisé dans certains diocèses où ce sont les curés qui font la quête. Si le curé n’est pas bien vu, il obtient très peu. Ailleurs le curé ne fait pas la quête, mais attend à la sacristie ou à l’église. Ceux qui ne l’ont pas trouvé ne reviennent pas et beaucoup de gens ne se dérangent pas. On a tort, dit encore cet évêque, de fixer une somme ; ceux qui donneraient plus se bornent au chiffre tarifé ; ceux qui donneraient moins ne donnent rien. Dans mon diocèse, la quête est faite régulièrement par des dames ou des demoiselles respectables qui ont la sympathie de toute la population ; on s’est habitué à cette quête, on y prépare son offrande et, quand les quêteuses n’entrent pas dans certains logis qui leur paraissent bien pauvres, ces braves gens réclament et veulent contribuer de leur petite offrande. »

A ces observations d’un membre éminent de l’épiscopat, l’on peut ajouter qu’un des meilleurs moyens de faire appel à la bourse des fidèles est de leur communiquer chaque année, suivant la méthode américaine, le budget dont ils doivent fournir les recettes. Plusieurs de nos évêques agissent ainsi et s’en trouvent bien. Le denier du culte oscillait, avant la guerre, de 135 000 ou 150 000 francs, à Perpignan ou à Dax, jusqu’à 450 000 francs à Amiens ou à Grenoble ; il descendait jusqu’à 100 000 francs à Gap et 70 000 francs à Digne, et s’élevait jusqu’à 600 000 francs à Saint-Brieuc et 700 000 francs à Arras. Le chiffre de 400 000 francs atteint à Bourges, dépassé à Reims, à Séez ou à Meaux, est supérieur à la moyenne ; ceux de 210 000 francs à Moulins, de 247 000 francs à Agen, de 267 000 francs à Belley et même de 300 000 francs à Orléans lui sont inférieurs.