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lui seraient encore nécessaires ; » tandis qu’il était notoire qu’il fournissait à cette époque aux congrégations beaucoup de missionnaires et de religieux.

Ceux-là, « sujets « suivant la règle ecclésiastique, de leur diocèse de naissance, n’auraient pu l’abandonner sans l’assentiment de l’évêque. Il existe encore des contrées assez largement pourvues d’où les clercs émigrent au dehors, pays de familles nombreuses le plus souvent : en Bretagne, Quimper ; le petit diocèse de Tarentaise en Savoie ; Mende, en Limousin, où les séminaires et les écoles presbytérales comptent ensemble 600 étudiants. A Tours, à Troyes, qui groupe à peine 50 élèves, il manque à peu près moitié du chiffre nécessaire ; mais cette situation peut changer. Ainsi à La Rochelle, où les familles affolées au moment de la séparation s’étaient opposées aux vocations, où le grand séminaire, vidé peu à peu, avait été quelque temps fermé, le petit séminaire, reconstitué, logeait en 1915 71 élèves.

Douze mandements d’évêques dans les dix-huit derniers mois appelaient l’attention des fidèles sur la crise de recrutement du clergé. Le zèle même que mettaient ainsi les évêques à conjurer cette crise permettait d’espérer que, bien que le service militaire dût en retarder le dénouement, la pénurie de prêtres était destinée à s’atténuer. Seules les très petites paroisses, — 200 âmes en moyenne, — étaient mises en binage dans quelques diocèses ; comme elles étaient très proches les unes des autres, les fidèles n’en souffraient pas et le zèle du curé trouvait par cette concentration à mieux s’employer. Moulins compte une dizaine de villages dans ce cas. Carcassonne 70, Tulle voudrait 25 prêtres de plus ; à Nancy, ces cures minuscules ont été annexées à de plus grandes afin de pourvoir de vicaires celles où la population a augmenté, avec le développement de l’industrie métallurgique en Meurthe-et-Moselle.

A ces hommes qui partaient, les poches vides, exercer un ministère de charité il fallait procurer de quoi vivre. Le « denier du culte » fut organisé par toutes les confessions reliures. Les protestants français, dont les 850 associations avaient à entretenir 950 pasteurs, recueillirent par les soins de leurs comités 3 160 000 francs par an, alors qu’ils ne recevaient de l’Etat que 1 750 000 francs avant la séparation. Les catholiques ne furent pas aussi généreux proportionnellement à leur